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Alek P. Stefánson
Alek P. Stefánson

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MessageSujet: PICTURES — Libre 
PICTURES — Libre Icon_minitimeVen 9 Jan - 13:06


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Tu as fini un cours il y a environ une heure. Et tu n’as plus rien à faire aujourd’hui pour le moment. Tu parles d’un lundi, ton emploi du temps de prof te rappelle celui que tu avais en fac. Tu viens encore en cours pour deux heures, et le matin en plus. La seule différence réside au fait que maintenant, c’est toi qui fais cours. Mais puisque tu n’as plus rien à faire, et que tu as la flemme de retourner dans ta chambre au quatrième étage en attendant l’heure du déjeuner, tu sors ta pochette de ton sac, et tu sors ton dernier plan de cours et les quelques polycopiés que tu avais dû faire.
Tu as encore un cours à préparer pour cette classe. Un cours pour vendredi matin. Et tu ne sais pas vraiment ce que tu vas pouvoir leur faire. Tu es encore loin de pouvoir les plonger dans la mythologie de ton enfance, en général tu fais ce cours au deuxième trimestre. Pour l’instant tu as autre chose à faire. Ce n’est pas comme si tu t’en tenais strictement au programme, mais tu as un minimum d’organisation tout de même.

Tu soupires un peu et tu abandonnes tes feuilles le temps d’aller te chercher un café. Pendant que la cafetière tourne, tu réfléchis. Qu’est-ce que tu vas bien pouvoir faire pour les intéresser ? Tes cours ressemblent en général plus à de la découverte culturelle qu’autre chose. Tu pourrais toujours arriver en parlant finnois, mais à part faire se demander à tes élèves si tu ne t’es pas échappé d’un asile, ça ne fera sûrement pas grand’chose. La salle des profs est encore vide, à cette heure-ci.
Tu prends ta tasse et tu retournes t’installer à ta table, près de la fenêtre, seul dans une salle des profs complètement vide – sauf si l’araignée qui vit dans le trou de la plinthe y est encore. Mais bon, pendant que tu es seul, tu peux en profiter pour réfléchir à voix haute.

Si quelqu’un doit te trouver un brin cinglé ici, ce seront les hypothétiques fantômes censé hanter les parages.

« On a déjà vu la civilisation sud-américaine. La nord-américaine, ils ont peut-être besoin d’un léger rappel, ceci dit. Les voyages vers l’ouest, l’espoir d’une nouvelle vie… On pourra toujours parler d’Ellis Island. »

Bonne idée, ça, de parler d’Ellis Island. Tu as plein de choses à dire dessus. Et au pire, tu leur demanderas de se séparer en groupe de quatre, et de faire des exposés sur la vie en Amérique du nord au 19e siècle. Rien que sur ce siècle tu as des choses à dire. Sur tout ce qui est 19e et début 20e, tu as une foule de renseignements à leur présenter. Des bouquins et des séries à leur conseiller, aussi.
Tu souris un peu et tu notes la chose. Ce serait bête d’oublier ça le jour venu, quand même. Ellis Island a ouvert en 1892. Tu peux même dire que la première personne à en avoir franchi les portes était une irlandaise de quinze ans : Annie Moore. Ça te sert, en fait, de faire le tour de tous les chants traditionnels que tu peux trouver. Il y en a plein qui parlent de l’émigration vers une nouvelle vie dans un nouveau pays.
Et tu en profiteras pour faire une piqûre de rappel sur les amérindiens, parce que ça peut toujours être utile à ta classe de joyeux clampins.

« Par contre, pour les première année, qu’est-ce que je vais pouvoir faire… Foutu programme. Ce serait un brin plus simple sans… »

C’est vrai que sans, tu pourrais y aller complètement au feeling. Là, tu es obligé de partir du programme, même si tu prends un malin plaisir à t’en éloigner un peu plus chaque jour et chaque cours.



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Eilidh Ogilvy
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MessageSujet: Re: PICTURES — Libre 
PICTURES — Libre Icon_minitimeVen 9 Jan - 21:18

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Deux bonnes choses de faites. Elle venait de rencontrer deux de ses nouvelles classes, cinquante-six de ses nouvelles petites têtes. Elle en avait déjà vu quelques-uns, l’an dernier. Les nouveaux troisièmes. D’anciens deuxièmes pour la plupart, quelques nouvelles têtes planquées dans le fond de la classe. Rien de bien méchant. Elle avait passé deux heures à discuter avec eux, assise sur le bois de son bureau. Prise de contact, petites présentations individuelles sur une feuille de papier qu’elle relira plus tard. Ce soir, dans sa chambre. Il faudra qu’elle pense à les ranger, cette année. Histoire de ne pas les perdre comme à son habitude. Ils avaient noté leurs noms et prénoms, l’endroit où ils vivaient. Leurs hobbies, les études qu’ils voudraient entreprendre et le métier qu’ils aimeraient effectuer. Leur cours préféré, le cours qu’ils détestaient. Le dernier livre qu’ils avaient lu. Des questions simples, un rien naïves mais qui prenaient tout leur sens pour comprendre l’élève qui se tenait en face d’elle.

Elle avait évoqué le programme du cours, évidemment. Sans entrer dans les détails parce qu’elle n’avait pas encore décidé de tout. Si certains avaient soupiré en secouant la tête, abattus dès la ligne de départ, d’autres avaient eu l’air plutôt contents. Elle s’était sentie rassurée, d’un coup. Elle s’était débattue avec le programme comme elle avait pu, éliminant les parcours qu’elle jugeait chiants et qu’elle n’était pas forcée à étudier. Il y avait des parcours qui la faisaient tiquer, certes, mais elle se débrouillerait pour rendre le tout intéressant. Enfin. Elle commencerait sa semaine doucement, histoire de les habituer. Peut-être avec des ateliers d’écriture basés sur la présentation, elle ne sait pas encore très bien.

Quoiqu’il en soit, elle avait quitté sa première classe de troisièmes années pour se rendre en salle des professeurs. Dire bonjour aux collègues qu’elle n’avait pas croisés plus que trois secondes ce matin, prendre des nouvelles de leur santé, des détails sur leurs vacances. Tant de politesses pour commencer l’année en beauté. Elle ne se perdait plus dans les couloirs. Elle aurait pu faire les trajets les yeux fermés que ça serait revenu au même. Dangereux, d’accord. Elle aurait certainement trouvé le moyen de s’étaler de tout son long ou de casser le buste albâtre d’un vieil homme. Elle n’avait pas à marcher longtemps pour joindre la salle des professeurs. Son classeur déjà bien rempli dans les bras, c’est avec son épaule qu’elle pousse la porte du local. Juste à temps pour entendre parler des premières années et du programme.

« Et si tu les bassinais avec l’histoire de l’Angleterre ? Ou encore, l’histoire des premiers hommes, tu vois ? « Un peuple, une langue, le mystère des indo-européens. » ? Avec le phénomène de migration. Je me souviens avoir vu ça – après, te dire ce qui en résulte… »

Elle adresse un sourire à Alek tout en se  penchant pour déposer son classeur à la place en face de lui, suivi de son sac, sur la chaise. Elle passe son épaule gauche, endolorie par le foutoir qu’elle a déjà organisé dans son sac en cuir, tout en se dirigeant vers la machine à café qu’elle met en route. Elle se retourne.

« Moi, j’ai décidé que mes deuxième années affronteraient le Fantastique, cette année. On va analyser Edgar Allan Poe, que diable. »

Elle pouffe et revient tranquillement vers la chaise qu’elle s’est attribuée, dépose sa tasse avec un maximum d’attention – un accident, avec Eilidh, c’est si vite arrivé. Et finalement, elle décide de s’asseoir.

« Sinon, si on met ce programme te mettant sur les nerfs de côté, tu vas bien ? »




Dernière édition par Eilidh Ogilvy le Sam 11 Juil - 22:40, édité 3 fois
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Alek P. Stefánson
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MessageSujet: Re: PICTURES — Libre 
PICTURES — Libre Icon_minitimeSam 10 Jan - 15:16


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Eilidh vient d’entrer dans la salle. Eilidh, elle est prof d’anglais. Tu ne l’as pas entendue arriver, alors forcément, tu ne la remarques que quand elle s’adresse à toi. Tu relèves vaguement les yeux et la tête et tu la regardes, en l’écoutant. L’histoire de l’Angleterre. Bonne idée, tiens, et tu en profiteras pour parler de l’histoire de l’Ecosse, de l’Irlande, et du Pays de Galles. Tu souris un peu et hausse les épaules pour signifier que tu ne sais pas vraiment, encore. Tu ne sais absolument pas ce que tu vas faire, à moins de prendre le programme à rebrousse poil, et plus ça va, plus cette option te tente.
Tu regardes ta feuille blanche, censée devenir un plan de cours. Derrière-toi, il y a le lourd ronronnement de la machine à café. Parfois tu te demandes comment elle peut être encore en vie. Elle a sûrement été achetée d’occasion parce que les travaux de l’aile sud ont bouffé tout le budget. Tu ne vas pas risquer ta peau à aller poser la question au grand gourou de toute façon.

Tu te retournes pour parler à Eilidh quand elle aborde le sujet Edgar Allan Poe.

« Tu vas leur faire faire quoi, d’Allan Poe ? »

Tu n’as pas lu tous les Edgar Allan Poe, tu as toujours préféré tes mythes et légendes locaux, mais Poe reste un passage incontournable de la littérature. Tu suis Eilidh tu regard quand elle revient s’installer en face de toi. Tu commences doucement à jouer avec ton stylo, comme si ça allait stimuler tes synapses et te faire trouver un plan de cours dans la minute.

« Je te dirais bien de ne pas trop les faire flipper, mais c’est plus Allan Poe qui va les faire rester éveillés la nuit, maintenant. »

Ça, c’était plutôt ton époque et celle de ta sœur. Celle où il y avait encore les parents dans le dos des enfants pour dire « non, c’est pas de ton âge », ce genre de choses qui paraissent tellement extravagantes avec les générations de maintenant. Quand tu vois certains élèves, tu te demandes si les parents ne les ont pas envoyés ici pour arrêter d’avoir peur et de barricader leur porte le soir avant d’aller dormir.
Tu hausses de nouveau les épaules, toujours vaguement, et toujours occupé à jouer avec ton stylo, pour répondre à la question d’Eilidh.

« Oui, ça va. Disons que le programme me casse plus mon groove qu’il ne me met sur les nerfs, même si je préférerais cent fois faire sans qu’avec. En plus j’ai l’impression qu’il se contredit sur certains points, histoire de rien arranger du tout, alors bon… »

Oui, bon, peut-être qu’en fait il te met un peu sur les nerfs, ce programme, va savoir. Tu es déjà confronté à l’inculture de pas mal d’élèves, si tu dois en plus te confronter à celle de l’organisme qui gère l’éducation, on peut dire que tu n’es pas rendu. Tu poses ton stylo histoire d’arrêter de jouer avec, et d’éviter de le faire voler à travers la pièce ; la dernière fois en plus, ton stylo a visé Tiberias, va savoir pourquoi.
Tu souris un peu, en regardant Eilidh.

« Toi, ça va ? Pas trop d’incultes dans ta classe cette année ? »

Des fois que.



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Eilidh Ogilvy
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MessageSujet: Re: PICTURES — Libre 
PICTURES — Libre Icon_minitimeMer 21 Jan - 19:48

sacred simplicity

Edgar Allan Poe, ce maître du fantastique, était un prétexte pour elle de voir la littérature anglaise cette année avec un sujet qui motivait quand même assez bien les élèves. Les histoires de fantômes, les morts suspectes et effrayantes, c’était bien pour eux, non ? Enfin, quand on voyait les films sortant maintenant. Ces films, théoriquement interdit aux moins de seize ans, que les enfants de treize ans allaient déjà voir. Quand elle avait treize ans, elle regardait des films de filles. Des roses, girly. Dans son pyjama, avec sa peluche dans les bras. Parfois, avec des copines qu’elle invitait à la maison et qui restaient dormir. Elles mangeaient du pop-corn, parfois des ports de glace à la cuiller à soupe. Elles se racontaient des secrets. Des détails sur des garçons. Des coups de cœur. Elles parlaient des problèmes de filles et des « tu vas mettre quoi, pour l’anniversaire de Sacha ? ». Quand elles évoquaient Dame Nature, Eilidh répondait qu’elle ne savait pas, parce qu’elle n’avait pas encore connu cette vieille femme. Sans pouvoir imaginer qu’elle ne la connaîtrait jamais, cette salope. Elle croise les jambes sous la table.

« Aucune idée. Leur faire lire, déjà – ce ne serait pas mal, pour un début. Analyser le schéma de la nouvelle fantastique, comparer avec un auteur français. Leur faire écrire une petite nouvelle fantastique ? J’ai décidé de me porter sur l’écriture, cette année. Je me dis que ça peut les aider à mieux comprendre le schéma du fantastique. Et c’est plus ludique, aussi. »

Elle porte sa tasse à ses lèvres. Le café de l’école, c’est limite si ça lui avait manqué. Le café chez elle, en Ecosse, ça n’avait pas la même utilité. Ça n’avait pas le même goût, non plus. Ici, il avait le goût du repos. De la pause méritée entre deux heures de cours, de la tasse rapide qu’on avale en deux gorgées pour dire d’assurer le cours d’après. En Ecosse, c’était juste un café. Rien de plus. Elle suit le stylo d’Alek des yeux, s’attarde quelques secondes sur ses mains.

« Le programme n’a été établi que dans le but d’emmerder les professeurs, je suis sûre. Qu’est-ce que tu veux que je revoie de la grammaire avec mes troisièmes années quand on les bassine avec ça depuis leur plus jeune âge ? Ils vont carrément me lancer leurs trousses au visage. Je les comprends, je ferai pareil si j’apprenais que j’allais réétudier les règles d’orthographe – même si certains en ont grandement besoin. »

Elle lâche sa tasse pour aller attacher ses boucles rousses en un chignon informe. Le genre de chignon qui se cassera la gueule dans cinq minutes. Du moment qu’elle a la nuque dégagée, sur le moment, ça lui importe peu. Elle hausse les épaules en souriant.

« Des incultes, il y en a chaque année. Et chaque année, on espère le contraire. Mais je ne me leurre pas : sans les incultes, à qui je donne cours, moi ? J’ai des râleurs. Je leur donne un minuscule travail – le plus bête des travaux. Une présentation que je veux ‘originale’, tu vois le genre ? Moi j’attends des idées comme se décrire à travers les yeux d’une autre personne, se présenter face au miroir, écrire à la deuxième personne plutôt qu’à la première et il y en a encore qui arrive à râler. Enfin ! Je ferai avec ! »

Le stylo tape encore la feuille et le bruit commence tout doucement à l’agacer. Elle se mordille la lèvre, essaie de faire comme s’il n’existait pas. Mais c’est compliqué, maintenant qu’elle sait qu’il est là. Elle avale une nouvelle gorgée de café chaud et repose sa tasse avec précaution, pour ne pas la renverser sur Alek. Ce serait terriblement embarrassant. Vraiment, vraiment embarrassant. Pour lui. Mais surtout pour elle, ouais.

« Alek ? Tu… Tu n’as pas envie d’arrêter de taper ce pauvre stylo-bille ? Parce que je t’avoue que ça m’agace un peu, comme son… »




Dernière édition par Eilidh Ogilvy le Mer 18 Fév - 21:34, édité 2 fois
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Alek P. Stefánson
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MessageSujet: Re: PICTURES — Libre 
PICTURES — Libre Icon_minitimeJeu 22 Jan - 14:55


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Tu as écouté Eilidh, un peu distraitement. Des incultes, il y en a toujours eu, et il y en aura toujours. Dans toutes les matières. Tu te demandes parfois ce qu’ont fabriqué tes collègues enseignant dans les collèges pour que tu te retrouves avec des élèves complètement à la masse et qui confondent la révolution française avec la guerre de cent ans, et tout un tas d’autres choses qui, normalement, sont bien distinctes. Le pire étant, tu trouves, au niveau de ce qu’on leur apprend des mythes et des légendes. Chaque civilisation en a, et les celtes ont toute une flopée de dieux, presque un pour chaque feuille sur un arbre, et tu t’étonnes toujours que la plupart de tes élèves, certains étant pourtant irlandais ou écossais, n’en connaissent pas une rame.

Et tu arrêtes définitivement de faire tapoter ton stylo contre les feuilles, parce que tu avais recommencé. C’est comme un tic, chez toi. Même quand tu surveilles des examens et que tu as des copies à corriger pour t’occuper, dès que tu commences à cogiter, ton stylo se retrouve à taper sur les feuilles, sur le bureau, bien calé sur ton index à faire levier, ton pouce qui appuie dessus et la pointe qui vient s’écraser à intervalles réguliers sur le PVC du plateau de la table.
Tu poses même le stylo, tu le lâches, comme ça tu es vraiment sûr que tu ne recommenceras pas. Ça vaut mieux. Tu regardes Eilidh et tu lui offres un vague sourire.

« Désolé. »

C’est vraiment tout ce que tu as à dire sur le moment. Tu pourrais toujours lui dire que c’est un tic, chez toi, une mauvaise habitude, comme certains se rongent les ongles ou s’arrachent les cheveux. Toi, tu préfères agacer le monde avec les tapotements de ton stylo contre quelque chose. Comme certains s’amusent à faire cliqueter leurs quatre-couleurs au fond de la classe.
Ceux-là, en général, tu leur lances une craie.

« La prochaine fois, tu as l’autorisation de m’arracher le stylo des mains pour que j’arrête. »

Tu ne dis pas que ça ira probablement plus vite, parce que quand tu réfléchis vraiment, en général, tu n’entends pas vraiment les gens te parler. Tu leurs réponds littéralement deux heures plus tard et à moitié à côté de la plaque. Ton plan de cours n’a toujours pas avancé, le programme t’emmerde toujours autant, et ton café a eu le temps de refroidir. C’est nul, un café froid, surtout quand c’était chaud à la base. Mais bon, ça contient toujours de la caféine. Au pire, tu iras y rajouter du café plus chaud pour contrebalancer.

« Enfin bon… Moi il va falloir que je trouve le moyen de les intéresser au niveau de l’histoire de l’Europe, certains ont juste l’air blasé à force qu’on la leur rabâche. Mais le programme et sa manie de ne voir que les grandes lignes, ça gâche un peu tout. Quoiqu’il y en a toujours un pour me confondre la date de la prise de la Bastille et celle de l’invasion de Constantinople. »

Tu te demandes même comment c’est toujours possible, ce genre de choses.

« Je devrais retourner au niveau du collège, leur faire faire des frises chronologiques, ou ce genre de choses. Mais ça m’intéresse pas plus que ça, et ça sert pas à grand’chose à part perdre du temps. »

Tu as toujours détesté les frises chronologiques. C’est bon pour aller dans les bouquins comme celui que l’école te donne, celui qui est édité par ceux qui font le programme, ce foutu programme qui n’est là que pour vous emmerder, toi et tes collègues.
Tu n’as jamais vraiment aimé les conventions, de toute façon. Ça se saurait sinon.

« Et comme la plupart ne sont pas de grands lecteurs, ça ne sert potentiellement à rien que je leur conseille des livres. Des séries à la limite, mais vu la qualité du réseau sans fil de cet endroit ça va être assez coton de les regarder… »

Tu penches la tête.

« Tu crois qu’ils apprécieraient The Knick ? »

Cette série prend si agréablement son temps que tu as comme un doute, là.



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Eilidh Ogilvy
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MessageSujet: Re: PICTURES — Libre 
PICTURES — Libre Icon_minitimeSam 24 Jan - 15:47

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Elle hausse les épaules. Ce n’est pas si grave que ça. Agaçant mais pas grave. De toute façon, il a arrêté maintenant et le calme est revenu sur la salle des professeurs. La machine à café ne ronronne plus et aucun appareil n’a vraiment de quoi faire du bruit. Ils n’ont pas besoin de frigo, puisqu’il y a la cantine plus loin. A la rigueur, ils ont une armoire à biscuits mais qu’est-ce que les boîtes métalliques pourraient faire comme bruit ? La prochaine fois, elle pourra lui arracher le stylo des mains. C’est une éventualité. Elle sort un gros cahier déjà gonflé de feuilles volantes, épinglé de trombones et habillé de post-it en tout genre. Elle sort sa trousse aussi avant de se lever pour se diriger vers l’armoire à biscuits. Elle se penche pour fouiller parmi les boîtes, à la recherche d’une boîte dorée.

Alek lui dit qu’il va devoir trouver le moyen de les intéresser à l’histoire de l’Europe. C’est le même combat pour tout le monde. Intéresser les élèves. Elèves qui, parfois, ne sont intéressés par rien du tout. Elle tourne la tête, regarde par-dessus son épaule.

« Tu trouveras Alek. Tu trouves toujours. Au pire, tu leur raconteras des anecdotes, au mieux tu te déguiseras encore. Sinon, tu feras les deux. Les élèves adorent ton cours, tu sais ça ? C’est autre chose que faire des lignes du temps. Ils apprennent ce qu’ils doivent apprendre mais en s’amusant. On retient toujours mieux en s’amusant. »

Elle trouve la boîte qu’elle cherche. Des caramels de chez elle, ceux que sa mère a fait des vacances. Elle ramène toujours des boîtes de caramel. Une pour elle, une pour son frère. Une pour Blair et une pour la salle des professeurs. Elle retourne s’asseoir en face d’Alek, ouvrant la boîte métallique. Elle en chipe un avant de pousser la boîte vers son collègue.

« Je me souviens. Une fois, j’ai dévié sur Versailles puisque je parlais des dramaturges du 17e en France. Et les élèves aussi ont dévié. Mais eux, sur les anecdotes que tu leur avais racontées. J’ai eu du mal à les ravoir mais j’ai appris des tonnes de choses, ce jour-là. Et eux, ils avaient l’air ravis de savoir tout ça. »

Elle fait défiler son doigt sur les cavaliers de couleur, sur le côté droit de son cahier et l’ouvre au cavalier violet, « Livres à lire ». La lecture, ça pose problème chez beaucoup d’adolescents. A se demander pourquoi. C’est sûr que maintenant, avec les nouveaux médias, les adaptations cinématographiques et télévisées, c’est à la règle du moindre effort. Pourquoi s’acharner à lire et à comprendre quand tout ce qu’on a à faire, c’est s’étaler devant l’écran d’une télévision ou d’un ordinateur pour regarder l’adaptation ?

« The Knick ? La médecine du 20e siècle en Amérique ? Pourquoi pas. Avec ce que les jeunes regardent, de nos jours, ce n’est pas la découpe d’un corps humain qui pourra grandement les choquer. »

Elle griffonne rapidement ses idées d’auteurs. Egdar Allan Poe, pour commencer. Charles Nodier, ensuite. La fée aux miettes pourrait potentiellement leur plaire. Elle verra bien. Pour le moment, ce ne sont que des idées, elle ferait le ménage ensuite. Elle lève les yeux, son porte-mine rose entre les doigts.

« Ne te tracasse pas trop, Alek. Tel que je te connais, tu trouveras certainement quelque chose de bien à leur faire faire. Puis, souvent, l’inspiration vient quand on ne s’y attend pas. Quoiqu’il en soit, j’ai foi en toi, Alek. »

Elle lui sourit avant de se replonger sur sa feuille en mâchonnant le bout de son porte-mine.



Dernière édition par Eilidh Ogilvy le Ven 17 Avr - 20:31, édité 1 fois
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Alek P. Stefánson
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MessageSujet: Re: PICTURES — Libre 
PICTURES — Libre Icon_minitimeVen 13 Mar - 17:40


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En fait, tu as envie de le récupérer, ton stylo. De le récupérer et de te remettre à jouer avec, parce que ça t’occupe, et que tant qu’à faire, ça t’aide à réfléchir. Tu fais toujours ça quand tu cogites, jouer avec le stylo que tu as dans la main. En général, quand tu réfléchis, tu as un stylo pas loin. Parce que tu corriges des copies, que tu prépares un cours, ou quoi que ce soit d’autre qui nécessite un stylo. Tenir à jour ta liste de crasses à faire à Blair, tenir la liste de celles qu’elle t’a faites. Tu ne te souviens même pas de comment ça a commencé, ce jeu à la con où vous vous pourrissez mutuellement les cours. La seule chose qui est sûre, c’est que vous n’avez pas pu décider ça ensemble quand vous étiez bourrés, puisque tu ne bois pas.
Tu récupères ton stylo et tu retires le capuchon, tenant la mine à un ou deux centimètres de ta feuille de papier. Tu cherches quelque chose à écrire, un titre, un mot pour commencer, mais rien ne vient. Tu as le cerveau aussi désert que la lande islandaise un soir d’hiver.

Tu te demandes quand même si tu vas trouver aujourd’hui, ou si tu vas devoir improviser encore une fois cette année parce que tes notes de préparations seront juste complètement absentes. Tu pioches machinalement un caramel dans la boîte qu’Eilidh vient de faire glisser vers toi. Tu le gardes entre tes doigts un petit moment avant de te décider à le manger. Ces caramels, ça fait trois ans que tu as appris à les connaître.
Ta feuille blanche, elle, elle continue de te narguer. Tu ne sais vraiment pas ce que tu vas pouvoir faire. Aucun de tes cours ne se ressemble parce que même pour deux classes d’une même année, tu fais des choses différentes, tu ne reprends jamais le même cours complètement. Certaines classes ont des détails que les autres n’ont pas eus, parce que tu les as rajoutés plus tard.
Tu ne sais pas si leur passer la saison 1 de The Knick est une bonne idée. Leur conseiller la série, oui, la leur passer sur les heures de cours… Mettons qu’un surveillant ou que le dirlo décide de se montrer, tu pourrais passer pour un psychopathe. Tu en connais une qui rirait bien si elle pouvait être dans ta tête à cet instant.
Mais là, tu n’as aucune idée. Pas même un sujet à leur donner, rien. Tu commences à te demander si c’est une si mauvaise idée de suivre le programme, en fait, parce que lui, il te donne une base. Mais comme tu n’aimes rien faire comme le reste du monde, tu te décides à continuer de lui faire un bras d’honneur, à ce programme.

« J’espère bien, que je vais trouver. L’improvisation, ce n’est pas vraiment ma spécialité, contrairement à quelqu’un d’autre… »

Tu ne vises absolument personne.
A part peut-être une prof de théâtre aux cheveux bleus qui a détruit ta dernière grasse matinée de vacances. Oui, ça doit être elle. Blair de son prénom.
Tu souris légèrement et regardes Eilidh, en posant ton stylo débouché sur ta feuille désespérément blanche.

« C’est gentil d’avoir foi en moi. »



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Eilidh Ogilvy
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MessageSujet: Re: PICTURES — Libre 
PICTURES — Libre Icon_minitimeVen 17 Avr - 20:32

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Il y a des instants dans la vie où il faut saisir son courage à deux mains. Où il faut prendre le taureau par les cornes. Où il faut avoir des couilles. Eilidh, ça faisait trois ans qu’elle fuyait le courage comme la peste, qu’elle trouvait trucs et astuces pour se défiler au dernier moment. Trouillarde. Mauviette. Couillonne. Des adjectifs que ses amis lui servaient à la pelle, après chaque fugue. Elle était une couillonne et elle le savait. Elle pousse une mèche derrière son oreille. Il suffirait qu’elle ouvre la bouche pour dire autre chose que des inepties. Qu’elle dise quelque chose d’intéressant. Au lieu de dire qu’elle a foi en lui, qu’il trouvera bien quelque chose. Et ce même si c’est ce qu’elle pense. Elle croise son regard, penche sa tête sur son épaule.

« Alek ? »

Elle inspire calmement. Pourtant, elle a l’impression de s’enfoncer, de s’empêtrer dans ses idées. C’est dingue, n’est-ce pas, de se sentir comme une adolescente quand on a trente-trois ans. Elle en aurait presque les mains moites. Encore un peu et elle se trouverait pitoyable. Elle passe une main sur sa nuque.

« Ça te dirait d’aller boire un verre, avec moi ? »

Ses doigts se perdent parmi quelques mèches rousses. Elle garde le contact avec elle-même, si ça peut lui éviter de fondre ou de partir en courant, prétextant n’importe quoi pour ne plus avoir à subir cette pression sur ses organes. C’est comme toucher du bois quand tout parait irréel. Comme dans les films d’épouvante, quand le héros s’avance la main sur le mur. Garder contact avec la réalité, c’est tout ce qu’elle a à faire. Pourtant, elle continue de se débattre, elle brasse mentalement autour d’elle.

« Je peux demander à Blair et à Kieran de venir. Ce serait bien, non ? Se raconter nos vacances, tout ça. »

Elle se représente mal la réaction de Kieran. Les vannes qui ne servent qu’à motiver un peu plus. Elle ne veut même pas penser à Blair dans tout ça : elle la laisse à Alek, c’est aussi simple que ça. Mais maintenant qu’elle vient de les évoquer à son collègue, il faudra bien qu’elle tienne parole et qu’elle les invite. Qu’elle reçoive les commentaires, les « iiiiiiiiiiiiiiiiiiiih » stridents et ce qui s’en suit. Elle ne pourra pas mentir pour eux, ça risquerait de se retourner contre elle. Il suffirait qu’il évoque, par inadvertance, la soirée pour que les questions et les reproches lui retombent sur la gueule. Mais maintenant qu’elle est lancée…

« Qu’est-ce que tu en penses ? »


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Alek P. Stefánson
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MessageSujet: Re: PICTURES — Libre 
PICTURES — Libre Icon_minitimeJeu 21 Mai - 15:14


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La demande d’Eilidh te surprend. Tu dois bien avouer que tu ne t’attendais absolument pas à ça de sa part. Tu clignes un peu des yeux et tu la regardes. Elle a l’air nerveuse, au moins autant que toi, peut-être même plus que toi, qui sait ? Après tout, c’est elle qui vient de faire le premier pas, quand même. Toi, même si cette idée te traîne dans la tête depuis des lustres, voire des lampadaires, tu n’as toujours pas été capable de la formuler pour lui poser la question. Tu hésites un peu, pour répondre.
Oui, bien sûr que oui, tu as envie d’aller prendre un verre avec elle. Et pas seulement parce que tu pourrais enfin dire à Kieran que vous avez fait autre chose que discuter par tas de copies interposées. Tu hésites surtout à répondre parce qu’Eilidh vient de proposer d’inviter Kieran et Blair. Oui. Pourquoi pas. C’est une bonne idée. En tout cas, avec ces deux-là avec vous, vous ne passerez pas la soirée entière à vous regarder avec des yeux ronds comme des soucoupes sans avoir quoi dire.

Ce qui te fait un peu plus peur, ce sont les vannes de Kieran, et ses multiples tentatives pour te pousser à réagir. Et ne parlons pas de Blair, qui sera simplement surexcitée et tentera sans doute à peu près tout et n’importe quoi pour que le plan fonctionne. Tu te mordilles la lèvre. Vues sous cet angle, les choses sont beaucoup, beaucoup moins enthousiasmantes. Parce que, bon, tu doutes que vous passiez vraiment toute la soirée à parler uniquement de vos vacances.
Et tu ne comptes pas vraiment sur Kieran pour vous laisser raconter uniquement vos vacances. Et tu te demandes si tu vas pouvoir supporter une Blair survoltée à une soirée où tu aimerais quand même être tranquille. Tu inclines vaguement la tête de côté en réfléchissant.

« Pourquoi pas, oui. »

Avec ou sans Kieran et Blair, de toute façon, tu viendras. Eilidh t’a proposé, tu ne vas quand même pas lui faire faux bon. Tu vas appréhender les réactions de Kieran et Blair jusqu’à la fin de ladite invitation, mais bon, tu n’en mourras pas, au pire. Tu seras peut-être un peu plus sur les nerfs que d’habitude, mais rien de bien méchant.
Ton index tapote doucement le tube du stylo que tu as machinalement repris en main. Après tout, tu étais venu là pour bosser un futur cours. Tu n’as toujours aucune idée de ce que tu vas y mettre, mais tu te promets quand même d’y réfléchir un peu.
Finalement, tu souris, en regardant Eilidh.

« Ça peut être sympa, comme idée. »

C’est tout ce que tu trouves à dire. Ton cerveau est en grève, en ce moment, il ne veut pas revenir de vacances.



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