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| Sujet: LEMONS OF LIFE ▬ Libre Dim 25 Jan - 20:39 | |
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throw them at someone Blair jette un regard circulaire à la salle avant de regarder la grosse montre bleu pastel attachée à son poignet. Un cadeau de son frère Llyr, le cadeau d’anniversaire qu’il ne lui envoie jamais en temps et en heure. La montre, à la mode chez les jeunes, devait-elle être prise comme un symbole du retard qu’il accumulait chaque année ? Elle sourit, secoue la tête en pensant à son frère. Quand elle pense à lui, elle dévie toujours sur son filleul. Pedr. Une petite loutre qui passe son temps à rêver et à faire des dessins pour sa marraine. Elle tient d’ailleurs à lui réserver une partie de son mur, un endroit où elle affichera toutes ses œuvres. La montre indique le temps. Temps qu’elle a encore devant elle. Elle a toujours le temps. Le temps de traîner dans son lit comme une grosse loque. Le temps de prendre une longue douche chaude et celui de soigner ses cheveux. Le temps de déjeuner et le temps de choisir les pièces de fin d’année. Elle entend le professeur dans la classe d’à côté, derrière le mur. Elle entend la craie qui frappe le tableau. Elle fronce les sourcils. Ça ne va pas. Rien ne va. Comment veut-on qu’elle donne cours dans une salle avec autant d’élèves ? Comment pourront-ils s’exprimer librement et correctement en sachant qu’on les entendra de l’autre côté du mur ? Crier, sauter, bouger, jouer. Comment ? Il lui fallait une salle plus grande. Une salle comme la salle de conférence, qu’on leur promettait depuis… Depuis toujours en réalité. Depuis qu’elle était arrivée à Wentworth, cinq ans auparavant. Elle avait beau rouspéter, taper du poing sur la table, elle avait l’impression que rien n’avançait. Pourtant, la salle aurait pu être parfaite. Isolée des autres classes, un espace immense qui forcerait les élèves à mettre du volume. Un paradis. Au lieu de quoi, elle avait… Quatre murs et un tableau. La bonne blague. Elle attrape la bandoulière de son sac beige à petits éléphants roses, chic housse à ordinateur qu’elle avait déniché cet été chez elle, à Aberystwyth. Blair n’avait pas des tonnes de classeurs pour donner cours – enfin si, mais dans sa chambre. Elle trouvait ça plus simple de bosser avec son ordinateur. Elle prend le verre de lait qu’elle a abandonné sur le bureau du professeur et sort de la salle de classe en fermant la porte derrière elle. Elle cherchera plus grand. Il y a bien le gymnase mais ce qu’elle avait retenu de son horaire, c’est qu’à chaque heure de théâtre correspondait une heure de sport dans une autre année. Le parc représentait, quant à lui, un espace bien trop grand. Puis, d’un point de vue météorologique, on ne pouvait jamais être sûr de rien. Donner cours dans le salon des élèves seraient contre productifs. Elle ne s’approchera ni des caves, ni des greniers. Elle étouffe un bâillement et tourne à l’angle du couloir. Le temps qu’elle arrête de bâiller, quelqu’un lui rentre dedans. Le verre quitte ses mains, elle perd l’équilibre. Le verre s’écrase plus vite qu’elle qui retrouve un sens précaire de l’équilibre. Il se casse, elle se demande encore ce qu’il vient de se passer. Oh la.
Dernière édition par Blair M. Llewellyn le Jeu 13 Aoû - 21:37, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: LEMONS OF LIFE ▬ Libre Lun 25 Mai - 19:34 | |
| « lemons of life » L’année commence bien. Elle commence même très bien, comme à peu près tous les ans depuis que tu es ici. Ce qui fait que tu entames ta troisième merveilleuse année à Wentworth, la troisième qui commence sur la meilleure note qui soit. Tu regardes ton programme de l’année, en déambulant dans les couloirs déserts. Tu n’as pas cours avant un moment, tu en profites. Tu as déjà passé au crible le programme théorique, et maintenant, c’est d’un coup de stylo rageur que tu rayes quasiment tous les TPs que le programme t’impose normalement. Normalement seulement, parce que tu ne peux en faire absolument aucun. L’école ne dispose toujours pas de laboratoires pour les sciences et la physique-chimie. De ce que tu sais, c’est comme ça depuis l’ouverture de l’école. Et les travaux n’avancent pas, depuis cinq ans. Cinq ans qu’il neige dans les futurs labos tous les hivers, qu’il y pleut tous les automnes, et que tout ce que tu peux faire, c’est t’en tenir au programme théorique.
Seulement, et tu es bien placé pour le savoir, la théorie ne suffit pas. Tu adorerais permettre aux élèves d’utiliser un oscilloscope, de leur faire faire de l’indigo de synthèse, et autres manipulations étranges comme vérifier la conductivité d’une pièce de monnaie. Mais sans labos : tu ne peux rien faire. Tu vas encore devoir bidouiller tes barèmes pour permettre aux élèves de passer au niveau supérieur. Tu penses à ceux qui s’orienteront peut-être en bio, ou en chimie à la fac. Et qui ne sauront toujours pas utiliser un bec Bunsen et une balance, qui ne sauront pas régler une étuve ou même simplement brancher des pinces crocodiles. Nouveau coup de stylo rageur et tu soupires. A moins d’un miracle, tu ne feras pas plus de TP cette année que les deux années précédentes, et tu te demandes si tu ne devrais pas aller râler en bonne et due forme auprès d’une figure plus haute que le directeur de l’école.
Tu passes devant cette aile désaffectée et bâchée de partout, sans lui jeter un regard. Tu continues de regarder la liste des travaux pratiques que tu es supposé faire, en te demandant s’il n’y a pas moyen pour au moins faire quelques démonstrations dans un endroit où il y a du carrelage au sol, et des prises à disposition. Le réfectoire ? Tant que tu ne fais pas des trous dans les tables à l’acide chlorhydrique, ça devrait le faire, non ? Tu n’en sais rien. Et tu ne sais pas si demander au directeur est une bonne idée. Au pire, tu dois bien avoir une multiprises et une rallonge quelque part dans ta chambre, s’il y a une manipulation à faire, obligatoirement, même si c’est juste une démonstration.
Tu continues de marcher, en continuant de regarder cette liste, et absolument pas où tu marches. Trop de théorie et pas assez de pratique. Tu te demandes où tout ça va mener. Des labos en bon état, est-ce vraiment trop demander ? Apparemment, oui. Tu ranges finalement ton stylo. Un peu trop tard. Tu l’aurais rangé cinq ou six pas plus tôt, la catastrophe aurait été évitée. Mais non, il fallait que tu rayes un dernier TP avant de relever les yeux et de percuter une de tes collègues. Le verre qu’elle avait dans la main tombe au sol et éclate en dizaines de petits morceaux de verre.
Tu recules d’un pas, machinalement, en regardant le verre, bel exemple de ton erreur, par terre. Puis tu relèves les yeux vers ta collègue. C’est Blair. Elle est facilement reconnaissable, avec sa tignasse bleue.
« Désolé. »
C’est tout ce que tu dis. Comme d’habitude, tu ne t’épanches pas inutilement. Tu es désolé, c’est tout, la prochaine fois, tu regarderas où tu vas.
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| Sujet: Re: LEMONS OF LIFE ▬ Libre Jeu 13 Aoû - 21:39 | |
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throw them at someone Son verre de lait s’est bel et bien cassé la figure sur le sol et le liquide se répand paresseusement sur les dalles. C’est la merde. C’est la grosse merde. Le lait, ça colle. Même si elle éponge le tout avec des mouchoirs, les gens vont marcher dessus puis laisser des traces noires dans les couloirs. C’est ce qu’on appelle l’effet papillon. Un petit endroit touché par le lait, des traces noires partout ailleurs. Quelle crasse, non mais quelle crasse. Perchée sur ses talons hauts, elle observe la tâche blanche se forme, informe, sur le sol. Elle recule pour ne pas que ses chaussures soient touchées. Elle tâte les poches arrières de son jeans troué en se rendant bien compte qu’elle n’a pas de mouchoirs sur elle. Merde. Quelle merde. Elle tend la main, les yeux toujours rivés sur la tâche, sans regarder la personne l’ayant bousculée. « Mouchoirs. » Elle se croirait presque dans une série médicale, avec le ton qu’elle emploie. Comme si des mouchoirs pouvaient remplacer le scalpel du chirurgien. Le mouchoir pourrait devenir le nouveau scalpel de la gaffeuse. Ou du gaffeur. En l’occurrence, l’accessoire de… De Glenn. Elle l’observe pendant qu’il se tâte les poches afin de chercher ce qui pourrait réparer une erreur fatale. Elle attrape le paquet et s’agenouille sur le sol, dépliant chaque petit carré de papier sur le sol. Fatalement, ils se retrouvent rapidement trempés. Alors, elle les ramasse, forme une boule qu’elle emporte dans ses deux mains en répandant une série de gouttelettes blanches sur le sol. Elle jette le tout dans une poubelle et fait signe à Glenn de venir avec elle. « Voilà le plan. On marche la tête haute, les mains dans les poches et on papote. Personne ne saura que le verre sur le sol, le lait, les traces noires, tout ça… Personne ne saura que ça vient de nous. » Elle l’attend un peu, avant de passer son bras sous le sien. Presque naturel. Elle calque sa démarche sur la sienne et les voilà partis, déambulant dans les couloirs comme les promeneurs dans les bois quand arrivent l’automne. « Alors dis-moi, Glenn. Petit coquin… Où te cachais-tu depuis tout ce temps ? Aucune nouvelle de toi ! Même pas un signe, une carte postale… Même si tu m’avais noté des formules chimiques au verso, je l’aurais gardé. Du style « Salut, je pense fort à toi. L’H2O est claire, l’O2 est pur. Des bisous ! ». Mais au lieu de ça… Un silence radio. C’est pas grave, Glenn. J’ai tout mon temps. Je t’ai manqué ? » Elle lui sourit de toutes ses dents.
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| Sujet: Re: LEMONS OF LIFE ▬ Libre Dim 16 Aoû - 13:19 | |
| « lemons of life » Tu lui tends le paquet de mouchoirs qu’elle demande. Une chance que tu en aies sur toi aujourd’hui, ce n’est pas spécialement la première chose à laquelle tu penses puisque tu n’as aucun TP à faire encore cette année – donc, logiquement, aucune préparation d’indigo synthétique à éponger sur une paillasse quelconque d’un élève lambda. Pendant qu’il reste encore un mouchoir dans le paquet, un seul, le pauvre, tu en profites pour ramasser vite fait les morceaux de verre qui se sont étalés au sol. Ça évitera toujours à quelqu’un de se retrouver avec un morceau de verre sous la peau. Tu doutes que les élèves s’amusent à passer dans les couloirs en marchant sur les mains, mais avec le sol en vinyle qui a été installé un peu partout, c’est facile de glisser, surtout quand la surface est déjà détrempée par n’importe quel liquide : lait, eau, javel, et pourquoi pas de l’huile pendant qu’on y est. Tu jettes les morceaux de verre dans la poubelle.
Tu remarques une légère entaille sur le côté de ton index gauche. Bah. Tant pis. Ce n’est pas comme si tu étais gaucher, de toute façon, et ça ne fait absolument pas mal. C’est juste une légère entaille, un peu rouge à cause du sang qui filtre sur les côtés. Rien de dangereux. Tu écoutes à moitié Blair en allant vers elle, puisqu’elle t’a fait signe. Tu as encore le cerveau occupé par ces problèmes de salles de TP qui n’arrivent pas et tu continues de plancher sur une solution quelconque. Tu opines machinalement du chef à ce que Blair te dit, parce que tu n’as absolument pas fait attention à ce qu’elle raconte. Tu retiens juste la dernière phrase. Personne ne saura que ça vient de nous. Que donc ? La catastrophe du verre de lait ?
« Je n’avais pas de gants pour ramasser les morceaux de verre. »
De toute façon, ces susdits morceaux de verre sont tellement petits qu’il n’y aura aucune empreinte exploitable, et tu ne sais même pas pourquoi tu penses à ce détail. Peut-être le fait d’avoir bossé dans un labo privé et réalisé des analyses diverses et variées pendant quelques années, peut-être le fait d’avoir déjà constaté que les empreintes digitales s’impriment très bien sur le verre. Tu laisses Blair faire son petit manège. Loin de toi l’envie de protester, tu as plus ou moins abandonné cette idée depuis un moment. Tu as abandonné beaucoup d’idées depuis un moment. Mais aujourd’hui, tu aimerais juste une solution miraculeuse pour tes salles de TP inexistantes – une intervention divine, peut-être ? même toi, le mécréant, tu serais capable de l’espérer.
Tu marches à côté de Blair, en continuant de réfléchir à moitié à ton problème de travaux pratiques. A moitié seulement. Tu écoutes quand même mademoiselle à la tignasse bleue, ce serait pas mal de pouvoir discuter avec elle, même si, d’ordinaire, tu fuis les conversations. Là, tu ne peux simplement pas y couper. Tu la laisses parler, finir sa diatribe, et puis tu tournes la tête vers elle, sans te départir de ton air blasé.
« Blair. Je n’ai pas ton adresse. »
La suite étant probablement « comment veux-tu que je t’envoie quoi que ce soit sans ton adresse ? » mais tu ne le dis pas, et tu le penses à peine. Tu n’as jamais été très doué pour communiquer avec tes semblables, encore moins par cartes interposées, tu ne sais jamais quoi écrire dessus à part l’adresse. Est-ce qu’elle t’a manqué ? Tu la connais à peine. Suivant ce constat très simple, tu ne peux pas savoir si elle t’a manqué ou pas, c’est plus ou moins ta première vraie conversation avec elle, et rares sont les collègues dont la présence te manque quand tu repars exceptionnellement de cet endroit paumé pour retrouver ton appartement minuscule de Glasgow.
« J’en sais rien, je te connais à peine. »
Ça a le mérite d’être franc. Ça doit être pour ça que tu as du mal avec la communication inter-êtres humains, tu prends plus de pincettes avec une éprouvette d’acide qu’avec tes congénères.
« Par contre si tu veux je peux te filer un post-it avec une formule chimique choisie au hasard. Comme celle de la strychnine ? Sauf si tu préfères celle de la cocaïne ou du paracétamol. »
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| Sujet: Re: LEMONS OF LIFE ▬ Libre | |
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