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 TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh

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Alek P. Stefánson
Alek P. Stefánson

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MessageSujet: TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh 
TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh Icon_minitimeMer 8 Juil - 12:16


talking like we used to do


Tu attends Eilidh, là, à l’entrée du pub, mettant en application sa proposition d’aller prendre un verre. Tu lui as, toi, proposé de vous retrouver directement au village, en prétextant une course à faire. Certes, ce n’était pas qu’un prétexte, tu es effectivement passé par la supérette avant qu’elle ne ferme pour aller prendre un pot de café soluble, un sachet de sucre en poudre et des biscuits boudoirs. En y repensant, il ne te manque plus que le mascarpone, les œufs et le cacao en poudre pour faire un tiramisu.
Et tu l’attends, là, à côté de la porte, avec ton sac de courses dans une main, et l’autre au fond de la poche de ta veste. Il fait assez frais, pour une mi-septembre, mais tu n’es pas spécialement étonné. Après tout, tu es perdu en rase campagne, et tu as eu assez de temps pour remarquer qu’il fait froid très vite et assez longtemps dans cet endroit. De toute façon, le froid, tu as l’habitude, tu viens d’un pays où la température maximale au début du mois d’août ne monte pas au-dessus des +15°C.

Si tu as une veste, c’est juste pour éviter de choper froid bêtement parce que tu ne te seras pas rendu compte que, si, justement, tu commençais à avoir froid. Tu ne regardes pas ta montre, ni ton portable. Ça ne sert à rien que tu regardes l’heure, tu sais très bien que tu es un peu, beaucoup, en avance. Un bon quart d’heure. Ça n’a pas été faute de traînasser dans les rayons de la supérette, pourtant.
Ce soir, tu n’arrives pas à prendre ton temps. Tu te mordilles nerveusement la lèvre inférieure, ton index droit n’a de cesse de venir gratter les peaux mortes autour de l’ongle du pouce de la même main, et il y a encore cinq minutes, tu te balançais d’avant en arrière sur tes talons en regardant alternativement à droite et à gauche.

Tu es l’image même de la nervosité, Alek.
Blair se foutrait allègrement de toi si elle te voyait, en cet instant. Seulement, voilà, tu as décidé que c’était sans doute mieux de ne pas l’inviter ce soir, pas plus que Kieran. C’est toi, Eilidh, et la tranquillité. En tout cas, tu espères que la tranquillité sera là.
Le pire, c’est que tu ne peux même pas te dire qu’il te suffit de repérer tes erreurs dans toutes tes précédentes aventures amoureuses pour éviter de te planter ce soir : tu n’as eu qu’une aventure amoureuse et elle ne s’est pas soldée d’un rendez-vous un soir pour boire un verre dans un pub anglais perdu au milieu de la campagne.
Tu inspires à fond, soupires doucement.

Tu essaies de te calmer, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Finalement, si, tu regardes ta montre. Tu as encore quelques minutes à attendre, cinq ou six. Tu te dis que ces minutes vont devenir les plus longues de ta vie, mais tu espères que ce ne sera pas le cas. Tu es déjà content d’échapper à Blair et à Kieran pour ce soir. Tu n’as aucune envie de subir leurs questions. Aucune envie de les entendre rire.
Du bout de ta chaussure, tu te mets machinalement à tapoter le sol au rythme d’une chanson qui te traîne dans la tête. Celle que ta sœur a passé une bonne heure à chanter sous sa douche la veille de ton départ de Reykjavík. Tu te demandes pourquoi tu l’as encore dans la tête, cette chanson.

Le fait est qu’elle t’aide tout de même à passer un peu le temps puisque tu commences à la fredonner.



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Eilidh Ogilvy
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MessageSujet: Re: TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh 
TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh Icon_minitimeSam 11 Juil - 22:42

so lovely

C’est aussi stressant qu’un premier rendez-vous. Son premier rendez-vous, à l’âge de seize ans. Quand elle s’était regardée dans le miroir en se trouvant tout juste potable, bien trop préoccupée par ses complexes adolescents. Elle avait alors passé une heure à chercher ce qu’elle allait porter pour cette grande après-midi. Elle devait faire bonne impression. Elle devait être belle et peut-être bien qu’il l’embrasserait. Bien des années plus tard, elle en était rendue au même souci des apparences. Ce qui était, bien évidemment, stupide. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait Alek en dehors de la salle des professeurs et encore moins la première qu’elle sortait en sa compagnie. C’était, en revanche, la première fois qu’ils sortaient sans leurs chaperons respectifs, Blair et Kieran. Blair s’était empressée de refuser la proposition, prétextant un skype avec son copain. Kieran n’avait, lui, donné aucune explication quant à sa désertion. Elle n’avait pas insisté. Inconsciemment, elle avait espéré les refus de ses deux collègues et, puisqu’un dieu de l’amour semblait bel et bien existé, elle avait eu de la chance. Elle aurait encore plus de chance si son chemisier fluide, couleur vert sapin, était en état d’être porté.

Elle n’en avait pas fait des tonnes. Le maquillage coloré, c’était plutôt une Llewellyn catégorie. Eilidh, pour sa part, se spécialisait dans le maquillage naturel. Un maquillage trompeur qui, d’un battement de cils, diffusait l’illusion parfaite de ne pas être fardé. Ne disait-on pas que la simplicité était la plus belle parure de la femme ? Et elle s’en était allée. Prête et parfumée. Habillée, chaussée et presque coiffée. Elle avait reçu un sms de Blair, un texte court avec des tonnes de smiley étranges à la fin. Rien de bien glorieux, elle n’y avait pas répondu.

Alek ne faisait pas le chemin avec elle. Il avait des choses à faire, des courses à réaliser. Elle avait accepté. Elle irait seule, par ses propres moyens. Dans un sens, ça lui permettrait de réfléchir à ce qu’elle pourrait lui dire lors de la soirée. Elle avait marché les mains fourrées dans les poches de son manteau, la tête enfoncée dans une écharpe tricotée par sa mère. De quoi passer le temps entre les caramels. Elle regarde à peine le paysage, sent à peine le froid à travers ses vêtements. Elle avance vite, nerveuse et pressée. Elle y arrivera bien vite. Elle ne sera pas en retard. Elle sera trop en avance. En y repensant, elle aurait dû mettre du rouge à lèvres rouge. Le mat, celui qu’elle aime mettre quand elle est en Ecosse. Quand personne ne peut la voir, chez elle. Elle ne sait pas ce que les gens pensent de ses lèvres quand elles sont rouges. Sa mère n’a rien dit. Garrett ne dit jamais rien. Si, des blagues, parfois. Des ragots qu’il entend, parfois.

Elle le voit devant le pub, son sachet en plastique à bout de bras. Elle sourit, plaque une main sur ses lèvres. Elle trouve ça mignon. C’est bête pourtant. Il est debout, il regarde dans le vide avec un sachet en plastique mais elle trouve ça mignon. Elle repasse une main dans ses cheveux, éparpillant des boucles rousses autour de sa tête et elle avance en souriant, normalement cette fois. En approchant, elle l’entend chantonner une chanson qu’elle ne connait pas. Elle se pose deux minutes près de lui.

« Tu me feras écouter la version originale ? Même si tu as une très jolie voix. »

Elle se mordille la lèvre en souriant, toujours. Ce qui fait qu’elle ne sait pas si c’est sexy ou simplement ridicule. Elle est ridicule.

« Salut. »





Dernière édition par Eilidh Ogilvy le Mar 28 Juil - 20:54, édité 1 fois
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Alek P. Stefánson
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MessageSujet: Re: TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh 
TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh Icon_minitimeMar 14 Juil - 15:20


talking like we used to do


La seule chose qui soit sûre à ton sujet, Alek, c’est que tu es nerveux comme tu l’as rarement été. Même tes examens d’étudiant en fac ne t’avaient pas fait aussi peur que la perspective du rendez-vous de ce soir. On ne va pas se mentir : tu as envie de partir, de filer à l’anglaise et de te cacher dans un coin en attendant de disparaître, ou quelque chose d’approchant. Pourtant, tes pieds restent collés au sol. La semelle de tes chaussures refuse catégoriquement de se soulever, et parlons franchement : tes rotules n’ont aucune envie de bouger. Tes doigts triturent machinalement la poignée de ton sac en plastique.
Tu as l’impression que les secondes n’en finissent pas de s’étirer, et pourtant, tu vois Eilidh s’approcher. Est-elle aussi mortifiée que tu l’es ? Probablement, tu n’en sais rien, tu n’es pas dans sa tête. Tu arrêtes de chantonner et déglutis machinalement quand elle arrive à ta hauteur, tes doigts continuant gaiement de triturer ce foutu sac en plastique.

Tu opines du chef. Tu lui feras écouter la version originale.

« Si tu veux, oui. »

Tu t’étonnes même de ne pas lui avoir encore fait écouter Jónsi. Tu te souviens que tu l’as fait écouter à Blair. Mais pas à Eilidh. Tu peux déjà ajouter ça à ta liste de choses à faire. Il y a un blanc qui s’installe entre vous deux. Tu ne sais pas vraiment quoi dire, à part « hej », vieille habitude qui t’es restée de la Suède. Tu te dis que, pour le coup, tu aimerais que ta chère frangine soit là. Elle, elle trouverait quelque chose à dire pour briser la glace. Et puis tu repenses à ce qu’elle est capable de dire dans ce genre de moments.
En fait. Non. C’est mieux qu’elle ne soit pas là. Tu proposes simplement à Eilidh d’entrer et tu lui ouvres la porte. Le pub. Va savoir pourquoi vous avez choisi cet endroit pour ce premier rendez-vous ailleurs que dans l’école en face d’une pile de copies nulles à en désespérer.

Tu laisses la porte se refermer derrière toi, toujours en cherchant quelque chose à dire. Il est gênant, ce silence, il est lourd et un tantinet collant, tu aimerais volontiers t’en débarrasser, mais quand on est aussi doué que toi pour ce qui concerne les relations amoureuses, et plus largement les relations sociales en règle générale, ce n’est pas quelque chose qu’on fait en claquant des doigts. Lui demander comment a été sa journée ? Eh bien, plus ou moins comme la tienne, non ?
Vous vous êtes déjà croisés deux fois dans la salle des professeurs aujourd’hui, et vous avez discuté, un peu, sans jamais évoquer votre rendez-vous de ce soir. Tiens, d’ailleurs, quand tu y penses, tu n’as même pas répondu au SMS de Blair qui tente de te faire promettre de lui raconter la soirée.

Tu respires doucement et tu désignes une table libre d’un signe de la tête. Tu as toujours les lèvres collées par de la colle extra forte, et tes neurones moulinent pour trouver quelque chose de constructif à dire. Vous vous installez à la table, et tu es toujours muet. Tu poses ton sac sur le morceau de banquette libre à côté de toi, et tu te mets à pianoter sur la table. A défaut d’avoir un stylo pour jouer.
Ça dure cinq secondes, dix secondes, presque trente et puis tu te rends compte de ce que tu es en train de faire. Tu t’arrêtes net et tu souris, machinalement, en regardant Eilidh.

« Désolé. »

Respire doucement, calme-toi, tu vas finir par lui parler finnois. Tu te doutes bien que tu as l’air nerveux, et tu ne peux pas faire grand’chose d’autre que regarder la table en te mordillant l’intérieur de la lèvre. Tu pries pour qu’un serveur passe vous voir et vous demande ce que vous prenez, juste pour dissiper la gêne qui s’est installée entre Eilidh et toi comme une enclume sur un glaçon.
Toute en délicatesse.

Tu te demandes si tu ne devrais pas simplement abandonner l’idée d’avoir quelque chose à dire. Allez. Si ça se trouve, ça va venir tout seul avec l’habitude. Ah. Si. Tu te rappelles de quelque chose que tu peux lui dire, à Eilidh.

« Au fait, pour l’Islande, deux semaines en août, ça te tente ? »



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Eilidh Ogilvy
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MessageSujet: Re: TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh 
TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh Icon_minitimeMar 28 Juil - 20:55

so lovely

Eilidh ne dit rien et Alek en fait de même. Il n’est pas très causant, aujourd’hui. Si elle a pu lui arracher trois mots depuis le début de ce rendez-vous, elle s’en sort très bien. Il lui a ouvert la porte, cependant, et elle a trouvé le geste mignon. Elle se doutait bien que c’était le cliché présent dans tous les bons livres ou films traitant de romance, de trucs du genre mais elle trouvait ça mignon quand même. Comme elle trouvait mignon – quoique gênante – sa manière d’être nerveux. Il ne disait rien et elle ne faisait rien pour arranger les choses. C’était une chose de se donner une attitude décontractée, c’en était une autre d’agir de la sorte.

Elle suivit la direction qu’il lui avait indiquée, vers la table. Elle a envie de rire en se défaisant de sa veste et en libérant son chemisier vert. Elle déroule son écharpe et ramène ses cheveux sur son épaule droite. Une fois assise, elle le regarde en se pinçant les lèvres. C’est une manière comme une autre de réprimer le sourire qu’elle sent naître. Elle écoute ses doigts, sur la table. Elle a vraiment envie de rire. Alek vient de passer le cap de la nervosité suprême. Eilidh a décidé de faire comme si elle sortait avec un ami – ce qui, au fond, revient au même. Car elle sort avec un ami. Elle lui sourit patiemment quand il s’excuse. Puis, il lui parle de l’Islande. Il lui en avait déjà parlé, elle n’avait pas su si elle devait ou non le prendre au sérieux.

« Bien sûr que ça me tente ! Depuis le temps que tu m’en parles ! »

Elle pose ses avant-bras sur la table de bois et se penche en avant, le sourire aux lèvres. Il faudrait qu’elle pense à l’inviter en Ecosse. Pour voir les lacs et les rochers, la campagne et le calme. Rencontrer sa famille. Sa mère confiseuse, qui fait les meilleurs caramels de la région. Son père militaire qui… Ce n’est peut-être une bonne idée, le père. Pas maintenant. Pas au début. Elle devrait peut-être penser à attendre…

« Alek ? »

Elle penche la tête sur son épaule et tend la main devant elle pour attraper la main de son ami. Elle lui sourit.

« Et si on faisait comme si tout était normal ? Comme si nous étions normaux et que toute cette soirée était normale ? Je veux dire… »

Elle rit nerveusement et ramène son bras à sa place initiale sur le bois. Elle regarde ailleurs, vers le bar.

« … Je suis nerveuse aussi, c’est terrible. J’ai l’impression d’avoir quinze ans. Mais c’est bon, ça va ! Je ne vois pas ce que ça change de l’ordinaire. Rien ne change de l’ordinaire, pas vrai ? »

Elle pose sa main sur la couverture en cuir du menu en souriant et l’ouvre.

« J’ai envie de changer de plat, cette fois-ci ! Une suggestion ? »





Dernière édition par Eilidh Ogilvy le Mer 12 Aoû - 18:41, édité 1 fois
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Alek P. Stefánson
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MessageSujet: Re: TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh 
TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh Icon_minitimeVen 7 Aoû - 14:52


talking like we used to do


Tu souris un peu. Eilidh a l’air emballée par l’Islande, mais depuis le temps que tu lui en parles, photos à l’appui, c’est compréhensible. Vous allez pouvoir passer encore de longues heures ensemble à planifier le voyage, et tu vas encore pouvoir passer de longs moments à te faire charrier par tes collègues – qu’il est inutile de citer ici. Mais sur le moment, tu n’y penses pas. Tu penses surtout que tu vas pouvoir envoyer un mail à tes parents pour leur annoncer qu’en août, tu ramènes quelqu’un.
En attendant, pas de serveur en vue, et pour t’occuper, tu te tritures machinalement les doigts en regardant un peu partout autour de toi. Le pub n’est pourtant pas bondé, quelqu’un devrait vite venir vous voir, tu n’attends que ça pour faire dégager cette gêne qui est la tienne et qui te colle à la peau.

Tu te figes presque sur place quand Eilidh pose sa main sur la tienne. Tu cesses automatiquement de te triturer les doigts et tu restes là, sans bouger, tu la regardes avec seulement un hochement de tête quand elle prononce ton prénom. C’est tout ce que tu es capable de faire, tu essaies déjà de formuler une phrase cohérente dans ta tête pour ne pas te planter à la prononciation.
Tu es nerveux. Elle est nerveuse. Vous êtes tous les deux nerveux et c’est juste la seule qui consent à le dire à voix haute. Faire comme si tout était normal. Tu aimerais bien, ça, faire comme si tout était normal, comme s’il n’y avait rien, absolument rien en plus de cette invitation à sortir un soir pour dîner au village. Et, c’est vrai, au final, il n’y a rien en plus de cette invitation. Rien, à part votre nervosité apparente.
Tu es presque sûr que le couple de sexagénaires à cinq tables de la vôtre sont en train de se moquer gentiment de vous et de vos allures de débutants.

« Je… Je ne peux absolument rien te promettre mais on peut essayer de faire comme si tout était… normal. Enfin. Dans ce cas-là il faudrait quand même définir ce qu’est la norme, mais ça risque de nous bouffer pas mal de temps, alors… c’est pas la peine. Je crois. J’en fais trop. »

En même temps, il y a de quoi. Oui, tu en fais trop, mais toi et la nervosité ça n’a jamais fait bon ménage, alors on peut te pardonner quand même. Tu opines une nouvelle fois du chef, de la manière la plus machinale possible, en regardant Eilidh retirer sa main. Tu poses les tiennes à plat sur le plateau de la table, pianotes légèrement du bout des doigts puis attrape la deuxième carte pour faire comme de rien.
C’est raté. Tes doigts te trahissent, maintenant qu’ils pianotent sur le cuir – c’est du cuir ? tu dirais du simili, du faux, mais tu n’es pas expert et tu as la flemme d’aller demander au gérant, rien ne te garantit qu’il est là, en plus – comme s’ils n’avaient rien d’autre à faire. D’un côté ils n’ont rien d’autre à faire.

Tu parcours rapidement la carte avec déjà une vague idée de ce que tu vas prendre, hérétique des traditions anglaises que tu es. Les traditions anglaises, tu les laisses avec Kieran, ton hérésie te va bien au quotidien alors tu n’as pas envie de t’en débarrasser.

« Le gratin dauphinois est bon. Et on est presque pile dans la bonne saison pour. »

Mine de rien, tu es légèrement plus détendu. Légèrement, très légèrement. Et c’est ce même gratin dauphinois que tu vas prendre, c’est un plat d’hiver parfait pour les températures polaires qui s’annoncent et tu trouves qu’il n’y a rien de plus hérétique à la carte d’un pub de « tradition anglaise » qu’un gratin initialement inventé par les français.
Ça fait longtemps qu’ils se tapent gaiement sur la tête, non ? Quelque chose comme… mille ans de mésentente presque toujours cordiale ?

Hérétique, va.
Et puis, tu décides de bifurquer à nouveau sur l’Islande. Tant qu’à faire comme si tout est normal, autant parler voyage, maintenant que tu as proposé.

« Pour l’Islande, il y a des endroits en particulier que tu aimerais voir ? Comme… je sais pas, le Lagon Bleu, les geysers, ou les petites maisons avec de la pelouse sur les toits ? Ou alors tu préfères qu’on organise une espèce de “road-trip” et qu’on se fasse un tour de tout ce qui est plus ou moins touristique ? »

Sans, bien sûr, ta sœur au volant. Quoique...



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MessageSujet: Re: TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh 
TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh Icon_minitimeMer 12 Aoû - 18:43

so lovely

Ses yeux parcourent lentement les lignes du menu. Elle regarde les noms, puis les composantes du menu et enfin les prix. Doit-elle regarder les prix ? Ou pas ? D’ailleurs, qui paie ? Elle parce qu’elle a lancé l’invitation ? Lui parce que c’est un homme ? Elle serait partante pour payer une partie et lui l’autre. Chacun chez soi et les hippopotames seront bien gardés. Elle n’est pas radine et ça ne la dérange pas d’offrir. Il faudra voir comment Alek réagira. Ça la gêne un peu de parler de ça, maintenant. Tout comme ça la gêne d’essayer de définir leur relation. Où en sont-ils ? C’est quoi, la norme ? Où est la limite du correct, de l’acceptable ? La limite de cette foutue relation ? Il a raison, ça leur prendrait du temps et des seaux d’énergie. Donc oui. Ce n’est pas la peine. Pas la peine pour le moment mais il viendra un temps où ils devront définir tout ça. Il lui conseille le gratin dauphinois, elle lève les yeux de la carte pour lui sourire.

« Dans ce cas, je vais suivre ton conseil et prendre ça. Ça me changera de l’ordinaire. »

Elle regarde rapidement la carte des vins en sachant pertinemment qu’Alek ne boit pas d’alcool. Elle ne va pas culpabiliser, on va dire qu’elle a l’habitude de le voir boire du sans alcool. Elle optera pour un verre de rouge. Dans le pire des cas, elle en commandera un autre ensuite. Cela ne servirait à rien de commander un pichet si elle est la seule à boire. Elle passe une main dans ses cheveux en refermant le menu et en le glissant devant elle. Alek est revenu sur l’Islande en lui demandant quel coin elle souhaiterait visiter. Voilà une chose à laquelle elle n’avait jamais pensé. Elle porte une main à ses lèvres en regardant le plafond en réfléchissant à ce qu’elle voudrait faire.

« Je crois que je ne suis pas une adepte des promenades planifiées à l’avance. Je veux dire… Tout ce que tu viens de dire, ça a l’air génial ! Tellement génial que je ne sais pas par où commencer. Non, le mieux, c’est que tu me surprennes. »

Elle voit un serveur passé, plus loin. Elle lève la main, agite rapidement les doigts pour être sûre qu’il comprenne le message et repose sa main sur la tablette, observant le serveur arriver vers leur table. Il salue, déplie son calepin et sort son stylo. A l’ancienne. Eilidh jette un coup d’œil à Alek avant de prendre la parole.

« Alors… Pour moi, un gratin dauphinois accompagné d’un verre de Bordeaux. Et pour toi… ? »





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Alek P. Stefánson
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MessageSujet: Re: TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh 
TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh Icon_minitimeSam 15 Aoû - 13:06


talking like we used to do


La surprendre. C’est bien ce qu’elle vient de dire, et pour la première fois depuis que vous êtes là tous les deux, tu es sûr de pouvoir faire quelque chose. La surprendre avec l’Islande, ça ne sera pas excessivement compliqué, même si tu lui as déjà dévoilé quelques détails, quelques endroits que tu comptes bien lui faire visiter. Quoique, tu n’as pas donné tous les détails du Lagon Bleu, et tu peux jouer là-dessus. Mais pendant qu’elle fait signe à un serveur de venir, tu réfléchis. Il n’y a pas que ça à voir en Islande, bien sûr.
Rien que les maisons de toutes les couleurs de Reykjavík sont déjà une surprise sympathique en soi. Et ne parlons pas des paysages, il y en a des très beaux malgré la lande déserte et les volcans aux alentours. En parlant de volcans, tu lui ferais bien voir Katla. Oh, de loin bien sûr, mais le glacier qu’il y a au sommet vaut le détour. D’ailleurs tu n’arrives jamais à te souvenir du nom de ce glacier – honte sur toi – mais ce n’est pas l’important, tu n’as pas besoin de le lui révéler maintenant.

Elle veut que tu la surprennes. Tu vas demander de l’aide à ta sœur, quand même, question planification de vacances elle est beaucoup plus douée que toi et elle est capable de faire tenir un emploi du temps de ministre sur une semaine avec toujours au moins huit heures pour dormir et une heure de détente par jour.
Pour optimiser les surprises, tu peux lui faire confiance.

Tu reviens sur terre quand Eilidh te parle. Elle te demande ce que tu prends. Tu avais complètement oublié qu’elle avait fait signe à un serveur, et tu n’avais même pas remarqué qu’il était arrivé à votre table. Tu fermes machinalement la carte, encore ouverte devant toi et tu regardes le serveur.

« Un gratin dauphinois aussi, mais je prendrai de l’eau. Merci. »

Tu récupères la carte d’Eilidh pour la poser sur la tienne, et tu les tends au serveur qui les remporte avec lui pour les ranger avant d’aller passer la commande aux cuisines. Tu connais bien la routine du pub, il faut dire que c’est là que Kieran te traîne à chaque fois que vous sortez. L’ambiance purement anglaise, sans doute, mais tu ne vas pas te plaindre, l’endroit est agréable et la cuisine vraiment bonne.
Et puis, c’est le seul endroit où ils font des soirées karaoké et où tu peux enquiquiner Kieran – funny fact, toi, l’incapable des soirées à deux avec une jolie rousse, tu sais chanter, comme quoi. Tiens, tu devrais peut-être emmener Blair à une de ces soirées du jeudi.
Elle s’amuserait certainement beaucoup. Tu ranges l’idée dans un coin de ta tête et tu reportes ton attention sur Eilidh. Tu commences tout juste à faire attention à des petits détails.

Comme son maquillage. Il est discret, naturel, mais tu remarques quand même les traces du mascara sur ses cils. Est-ce que tu la complimentes dessus ? Il paraît que ça peut être bien, mais tu as mis tellement de temps à tilter qu’elle risquerait peut-être de se vexer. A ta décharge, tu étais la nervosité même et tu commences tout juste à te sentir plus à l’aise.
Non. Ce n’est peut-être pas une idée de lui parler de son maquillage maintenant, c’est un peu tard. Ça ne t’empêche pas de sourire doucement. Les gratins mettront un moment à arriver, ils sont préparés à la commande.

Mais tu peux toujours parler d’autre chose.

« Tu me feras visiter l’Ecosse un jour ? Je rêve d’y aller, mais visiter seul c’est un peu triste. »

Tu ris légèrement.

« Et puis je saurais jamais quoi aller voir. »



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Eilidh Ogilvy
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MessageSujet: Re: TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh 
TALKING LIKE WE USED TO DO — Eilidh Icon_minitimeLun 14 Sep - 21:52

so lovely

Dire qu’Eilidh n’avait jamais regardé Alek serait mentir. Bien sûr qu’elle l’avait regardé. De face. De profil, que ce soit le droit ou le gauche. Et même de dos. Si au début, elle se surprenait à se donner une tape imaginaire sur le nez pour s’obliger à braquer son regard ailleurs, elle s’accordait désormais de temps à autre des pauses, s’autorisant à l’observer en douce. Elle observait alors sa manière d’écrire, la force de ses doigts sur le stylo qu’il maniait, se demandant si c’était là son écriture appliquée ou une écriture jetée à la va-vite sur le papier. Elle regardait sa façon de préparer son café, le matin, et connaissait, au bout de trois ans, sa tasse favorite dans l’armoire à vaisselles. Et elle trouvait ça incroyable.

Il y avait encore des tonnes de choses qu’Eilidh ne savait pas sur Alek et cette soirée serait sans doute une opportunité à saisir afin de palier ses défaillances. Elle ignorait une bonne partie de ses goûts en général comme sa couleur fétiche, son chiffre porte-bonheur, son film favori ou même la saison qu’il préférait par-dessus toutes. Elle se demandait s’il éprouvait ce même sentiment incomplet en ignorant certaines choses à son sujet. Mais d’un autre côté, elle estimait qu’ils n’avaient pas à tout savoir l’un de l’autre. Pas tant qu’ils n’étaient que de simples collègues et, faute de mieux, c’est ce qu’ils étaient.

Voilà qu’Alek s’intéressait à l’Ecosse et tentait de lui faire promettre de l’y emmener un jour. Ce n’est pas elle qui dirait non. Ce n’est pas sa mère, non plus. Son père jouerait au militaire hyper protecteur, ce qu’il avait tendance à elle quand elle ramenait un garçon à la maison. Il n’avait jamais rien eu à craindre de ce côté-là. Les seuls types qu’elle avait ramenés dans les Highlands se comptaient sur les doigts d’une main. Un gars qu’elle avait furtivement embrassé deux ou trois fois, adolescente. Et Alasdair. Ce dernier avait eu peur du père Ogilvy, sans doute impressionné par cet homme qui aurait pu devenir son beau-père s’il n’était pas partie avec une ingénue. Eilidh en était arrivée à la conclusion, deux jours après la rupture, que si ce pseudo-photographe passionné et professionnel avait aussi peur de son père, c’est qu’il n’avait rien à faire avec elle. Et elle l’avait rayé de sa vie. Eilidh se retient de sourire en se mordant la lèvre.

« Tu sais, il y a des tonnes de choses à voir en Ecosse. Tellement de choses que je ne sais pas par quoi commencer… Les Highlands sont superbes. Landes, roches, lacs, châteaux anciens et vieilles légendes… Tu n’aurais pas le temps de t’ennuyer, crois-moi. Mais si tu viens en Ecosse, tu pourrais commencer par venir me voir, moi. »

Elle enroule distraitement une mèche autour de ses doigts, penchée au-dessus de la table. Elle attend quelques secondes avant de se replacer droite sur son siège, un sourire sur les lèvres.

« Aussi, ma famille serait – je pense – ravie de t’accueillir. Ma mère adore voir de nouvelles têtes et rencontrer de nouvelles personnes – surtout quand elles viennent de loin, comme toi. Depuis que mon frère et moi sommes à Wentworth, elle a l’air de se sentir un peu seule, d’autant plus que mon père à Edimbourg. Je lui ai appris à se servir d’un téléphone portable, j’aurais sans doute mieux fait de m’abstenir… Mais pour en revenir au fait, elle serait ravie de t’héberger dans la chambre d’amis. »

Le serveur se matérialise à leurs côtés, déposant sur la table son verre de vin ainsi que le verre d’eau d’Alek. Elle le remercie d’un sourire et il s’en retourne vaquer à ses occupations – qui doivent être multiples, malgré le peu de personnes présentes ce soir. Eilidh prend son verre, le gardant un moment suspendu dans les airs. Elle pourrait se rendre intéressante en essayant de juger la qualité du vin – peine perdue car elle n’y a jamais vraiment compris comment cela fonctionnait.

« Alors. A quoi trinque-t-on ? »


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