21 mars 2009

Le premier message, personne n’y a fait attention.

Le premier message, ce n’était rien d’autre qu’une vaste blague, une plaisanterie quelconque – de mauvais goût, qui plus est. Non, vraiment, le premier message, elle l’a ignoré. Elle a fait comme s’il n’existait pas, parce qu’elle ne ferait jamais partie de cette malheureuse mascarade.

Le deuxième message était pareil que le premier. Elle l’a également ignoré, elle l’a déchiré et jeté dans la poubelle du couloir. Et elle n’y a plus pensé avant qu’elle ne trouve le troisième dans son casier. C’était toujours le même texte qui commençait par « même pas cap », sauf que cette fois, l’auteur avait ajouté une menace à la fin de son mot :

Si tu ne fais pas ton gage, tu seras punie.

Cette fois-ci, elle glissa le mot dans sa poche. La dernière ligne restait gravée dans sa tête, elle y  resta toute la matinée. Elle ne savait pas quoi faire. Tout ça ne semblait être qu’une sale blague d’un camarade. Elle espérait que l’émetteur de ces petits mots finirait par se lasser et la laisser tranquille, quitte à ce qu’il aille embêter quelqu’un d’autre.
Et le lendemain, ce fut dans sa boîte mail qu’elle trouva  encore ce fichu message. Même pas cap. Si tu ne fais pas ton gage, tu seras punie. Elle regarda les autres élèves dans la salle informatique, elle se demanda qui avait pu lui envoyer ce message qu’elle avait  reçu après s’être connectée. Elle tenta de se rassurer, se dit que c’est juste une mauvaise blague, et elle supprima l’e-mail avant de se déconnecter, d’éteindre le poste, et de sortir de la salle informatique.

Les jours suivant, elle hésitait à ouvrir son casier. Elle n’osait plus regarder les éventuels messages sur son téléphone portable. Elle n’était pas non plus retournée voir sa boîte mail depuis la salle info. Elle avait encore le troisième petit mot qui avait atterri entre ses manuels scolaires.
Elle le regardait souvent, tentait de se convaincre qu’elle serait tranquille si elle continuait d’ignorer ces petits messages. Elle finit par en parler à ses amies. Elles lui dirent alors une histoire qu’un troisième année leur avait raconté.

« Une fille de deuxième année, elle avait reçu un mot aussi. Plusieurs. Mais elle a continué de les ignorer, elle a refusé de faire le gage. Et on dit qu’un soir, elle est tombée au fond du puits dans la cour. »

Mais ce ne sont que des rumeurs, alors elle continua de se convaincre que ce n’était qu’une mauvaise blague.
L’école serait fermée si une élève était morte en tombant au fond du puits. Ce n’était qu’une histoire que les 3e année racontent pour faire peur aux nouveaux.


7 juin 2011

Il ouvre son casier, attrape les manuels qui lui seront utiles. De l’un d’eux tombe un petit morceau de papier plié. Il fronce les sourcils, parce qu’un de ses camarades en a déjà eu un semblable. Il jette un coup d’œil circonspect autour de lui, et ramasse le papier.
Son cœur se met à battre de plus en plus vite. Il a entendu toutes ces rumeurs qui courent dans les couloirs.

Et c’est en apnée qu’il ouvre le petit mot et découvre son gage.
Sinon, tu seras puni.

C’est ainsi que Le Jeu perdure.