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 the sound of silence. — ANDRAS

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Glenn Stewart
Glenn Stewart

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MessageSujet: the sound of silence. — ANDRAS 
the sound of silence. — ANDRAS Icon_minitimeVen 29 Mai - 18:33


« the sound of silence. »



Tu as miraculeusement trouvé un CD de Simon & Garfunkle dans le placard du salon des professeurs, endroit pour l’instant désert que tu te permets de squatter allègrement. Tu profites donc d’être seul pour mettre le CD dans le lecteur de la chaîne Hi-Fi, en regardant sur la jaquette la liste des chansons. Numéro deux : The Sound of Silence. Numéro sept : Scarborough Fair/Canticle. Numéro onze : El Condor Pasa. Numéro dix-sept : Cecilia. Numéro dix-huit : The Boxer. Tant de chansons et tant de souvenirs pour toi.
Tu soupires un peu avant de choisir la piste numéro deux. The Sound of Silence. Tu as toujours aimé cette chanson, tu ne sais pas pourquoi. Le tempo, peut-être. Il est calme, il est doux, presque rassurant même si les paroles de la chanson, au fond, ne donnent pas spécialement envie de sourire. De toute façon, sourire, ce n’est plus pour toi. Tu ne souris presque jamais. Quand Emili t’appelle, tu oses parfois sourire légèrement. Mais elle ne t’appellera pas avant demain : on est samedi.

Tu reprends ton livre, délaisses la boîte du CD sur le haut de la chaîne, et pars t’exiler dans l’un des fauteuils de la salle pour lire. Continuer cet ouvrage que tu as emprunté à la bibliothèque la semaine précédente. Un polar, ni bon, ni mauvais, que tu lis juste parce que tu n’as rien d’autre à faire en ce samedi enneigé de décembre. Dans quelques jours, ce sera Noël. Tu appréhendes légèrement ce moment.
Tu sais que tu n’y couperas pas : tu vas te retrouver avec tes collègues pour le réveillon, et ça ne t’enchante pas des masses. Rien que pour ça, tu avoues que tu ne serais pas contre rentrer à Glasgow, aller voir tes parents, ta famille. Eux, au moins, ils savent. Ils savent ce que tes collègues ne savent pas.

Ça fait trois ans, bientôt, que tu travailles avec eux. Il serait peut-être temps de leur dire, qui sait. Tu ne l’as toujours pas fait parce que tu crains les questions. Tu crains leurs regards. Les réflexions qu’ils peuvent faire et que tu as déjà subies. Un soupir t’échappe, et tu tournes une page du livre, à moitié absorbé dedans.
La musique tourne toujours, à volume doux, autour de toi. Tu l’entends d’une oreille, sans y faire vraiment attention. Pas plus qu’à ton livre. Tu n’as pas tellement envie de te concentrer sur quelque chose, tu jettes des coups d’œil machinaux par la fenêtre, mais tu ne vois rien d’autre que de la neige, de la neige, et encore de la neige.

Tu retournes plus ou moins à ton livre, en entendant des pas dans le couloir. Prof ou élève, peut-être un pion, tu n’en sais rien, jusqu’ici, tu n’as pas spécialement envie de savoir.




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Andras Law
Andras Law

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MessageSujet: Re: the sound of silence. — ANDRAS 
the sound of silence. — ANDRAS Icon_minitimeMar 2 Juin - 17:18


Allongé sur mon lit, je regarde le plafond, sans bouger.
Que faire ? Je m'ennuie et je n'aime pas m'ennuyer aussi facilement. Et savoir que repartir pour Londres n'est pas possible à cause de la neige me rend triste. Très triste. Je ne peux pas aller lui rendre visite, la revoir m'est impossible. Une promesse que je ne peux pas tenir, alors que je lui ai promis de la voir pour les fêtes de fin d'année. Je suis quelqu'un de décevant, et de déçu. Que pensera t-elle alors ?
Ma pauvre petite Jade solitaire.
J'imagine que lui non plus, ne va pas comprendre pourquoi je ne peux pas venir au café. Johannes va m'en vouloir, je pense. Peut-être qu'il rencontrera quelqu'un d'autre, ce serait une bonne chose pour lui.

La neige, la neige.
Let it goooo, let it goooooooooooooo ! ~
Hum...je vais essayer de ne pas la chanter.
Je me souviens d'un sms de la petite Jade qui me parlait de ce film d'animation, j'ai essayé de le regarder mais je n'ai pas encore pu. Enfin, qu'importe.

Que faire ?

OH JE SAIS ! Aujourd'hui je vais aller me détendre dans la salle des professeurs !

Je me change juste avant.

Une chemise rouge, un pantalon mauve, une cravate rose à rayures vertes (un cadeau de Jade), une veste bleue avec un mouton trop mignon dans le dos, une paire de chaussettes couleur moutarde, une chaussure noire et une autre rose fluo. Mes longs cheveux sont attachés en une queue-de-cheval avec un chouchou vert fluo.

Je me rends finalement dans la salle des professeurs avec un sac à bandoulière multicolore, rempli de livres, un cahier encore vierge de toute écriture et ma trousse avec des papillons dessus. Bien évidemment, en chemin, je ne manque pas de trébucher, de me prendre un ou deux murs.

Arrivé devant la porte de la salle, je la regarde avec un air de défi. En combien d'essais vais-je réussir à l'ouvrir ?
Premier essai: il me faut cinq minutes avant de comprendre qu'il faut l'ouvrir dans l'autre sens.
Deuxième essai: je me prends juste la porte dans la figure.
Troisième essai: je me reprends la porte dans la figure.
Quatrième essai: je finis par rentrer dans la salle et la porte se referme sur mes doigts.
AÏEUH !

Je finis par saluer le collègue présent et m'installe dans un fauteuil pour lire le premier livre se trouvant dans mon sac.
Il me faut deux minutes avant de comprendre pourquoi je ne parviens même pas à lire convenablement la quatrième de couverture: je le tiens à l'envers. Donc je le retourne.
Un livre de recettes sur des recettes vietnamiennes. Parfait !
Attendez une minute...qu'est-ce que je fiche avec un livre de recettes dans mon sac ?!
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Glenn Stewart
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MessageSujet: Re: the sound of silence. — ANDRAS 
the sound of silence. — ANDRAS Icon_minitimeJeu 11 Juin - 17:46


« the sound of silence. »



Le livre que tu es en train de lire ne t’intéresse pas des masses. Il se laisse lire, sans plus, sans vraiment besoin de suivre l’histoire. De ce que tu en as suivi, elle est bourrée d’incohérence, mais tu ne cherchais pas forcément un bon polar quand tu l’as choisi dans les rayons de la bibliothèque. Tu cherchais juste un moyen d’occuper tes neurones pendant quelques heures, et au final, tes neurones sont en train d’explorer d’autres terrains que le scénario de cet assemblage de feuilles de papier imprimées.
Ils sont plutôt en train de se demander pourquoi il doit forcément neiger autant, dehors, tes neurones. Tu es morne. Tu ne l’as pas toujours été, c’est ça le pire. Mais tu l’es. Il y a des jours où tu envies vaguement l’enthousiasme dont savent faire preuve Alek et Blair. Deux vrais larrons en foire. Tu soupçonnes encore Alek d’être l’instigateur d’une des batailles de boules de neige des élèves.

Et ton livre ne t’intéresse toujours qu’à moitié. Quelqu’un t’a rejoint, dans ce salon, et le CD de Simon & Garfunkel est doucement passé à d’autres chansons. Scarborough Fair/Canticle passe doucement dans la salle. Les ondes sonores rebondissent sur les murs et se propagent tranquillement dans la salle, audibles de tous ceux qui y mettent un pied. Tu penses machinalement qu’il faudrait peut-être voir les ondes sonores et leur propagation avec les troisième année.
Il y a du mouvement sur ta gauche, alors tu lèves machinalement le nez de ce bouquin aussi insipide que ta vie depuis quelques années. Un de tes collègues, tu supposes, t’a salué. Tu hésites à répondre, et finalement, tu ne le fais pas. Tu n’as pas vraiment envie d’entamer une conversation maintenant. Tu n’aimes pas l’hiver. Et tu aimes encore moins les fêtes de fin d’année qui s’annoncent doucement. Noël, le nouvel an. Tu aimerais retourner à Glasgow pour les regarder passer en paix.
Coincé ici avec le reste de « l’équipe éducative » tu commences doucement à devenir paranoïaque quant aux éventuelles questions qui pourraient t’être posées pendant les fatidiques soirées.

Tu regardes ce collègue s’installer, et tu arques un sourcil en te demandant s’il est daltonien pour s’habiller avec des couleurs aussi… agressives. Tu ne vois pas vraiment d’autre mot. Elles ne vont pas toutes ensemble, les teintes se rapprochent plus du fluo que du pastel. Il faut dire qu’à côté de toi, avec ton jean bleu-gris plus usé qu’autre chose et ton col roulé bleu tellement marine qu’il en est presque noir, il va forcément dénoter. Tu le regardes prendre un livre de recettes à l’envers et mettre un moment à comprendre pourquoi il a du mal à le lire.
Finalement, tu retournes à ton livre. Tu n’as rien de mieux à faire.

Tu ne bouges que quand le CD passe une chanson à laquelle tu n’as jamais vraiment accrochée. Tu te lèves pour zapper directement sur la piste 11 : El Condor Pasa (If I could). Tu aimes cette chanson. Elle est calme, tu aimes le rythme et les instruments qui y sont joués. Une chanson traditionnelle péruvienne assortie de paroles en anglais. Tu fredonnes quelques secondes, sur le début, puis tu laisses tomber et tu retournes dans ton fauteuil avec ce bouquin fade et sans histoire que tu vas quand même finir, faute de quelque chose de mieux à faire.
Tu aimerais bien une salle de travaux pratiques, pour faire quelques expériences. Tu dois bien admettre que le travail en laboratoire te manque. Ça t’arrache un soupir. Il y a six ans, tu n’aurais jamais pensé enseigner.

Et voilà que tu te retrouves coincé en plein hiver dans un pensionnat perdu en rase campagne.
Tu tournes une page de ton livre en appréciant la chanson que le CD est en train de passer, avec le vent qui hurle en fond dehors.




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Andras Law
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MessageSujet: Re: the sound of silence. — ANDRAS 
the sound of silence. — ANDRAS Icon_minitimeLun 20 Juil - 23:22


Mon collègue ne semble pas très bavard. Qu'à cela ne tienne, je peux me passer de converser avec quelqu'un, bien que d'ordinaire, j'aime parler aux gens. Je suppose qu'il a mieux à faire. La tristesse des couleurs de ses habits ne me donne pas non plus envie de lui parler. J'imagine que je dois être toujours attiré par les couleurs vives et voyantes.

Je continue ma lecture gourmande sans me soucier du triste bonhomme près de moi. Je l'entends se lever pour passer une autre chanson, fredonner et aller se rasseoir. Moi, je me contente d'écouter. Ecouter le vent qui hurle en fond.
Le vent qui hurle...

~ Le vent qui hurle en moi n'attend pas demain
Il est bien trop fort, j'ai lutté en vain ~

Hum...j'avais dit que je ne chanterai pas cette chanson. Excusez-moi.

Aimez-vous le chèvre chaud ? Ma mère en faisait et j'aimais beaucoup ce petit plat, qu'elle servait toujours comme une entrée; le chèvre chaud à la capucine. C'est cette recette que j'ai sous les yeux. Il faudrait que je songe à la refaire. Essayer au moins...
La capucine est une fleur comestible; tout y est bon. Fleurs, feuilles, graines et boutons des fleurs. Ses pétales sont poivrées et épicées, relevant ainsi le goût des salades; c'est pourquoi maman ne mettait du poivre qu'avec modération dans la vinaigrette utilisée pour la salade accompagnant le chèvre chaud.
Concernant les boutons de fleurs, je me souviens que ma mère les préparait comme des câpres. C'est délicieux !

Si je me rappelle bien, cela met environ vingt-cinq minutes à peu près à se préparer et à cuire. Il faut, pour quatre personnes, quatre petits fromages de chèvre, quatre tranches épaisses de pain, une salade de mesclun, huit à dix branches de sarriette, une poignée de fleurs et feuilles de capucine, du beurre, trois cuillères d'huile d'olive et une cuillère de vinaigre de cidre, du sel et du poivre.
Quant à la recette, je vous la livre.

Préchauffez le four à 210°C. Coupez les fromages en deux. Beurrez les tranches de pain et poser sur chacune d'elles deux demi-fromages. Parsemez de sarriette ciselée. Mettre au four dix minutes.
Pendant ce temps, préparez la salade en ajoutant les feuilles et les fleurs de capucine. Préparez la vinaigrette en mélangeant huile, vinaigre, sel et poivre. Versez la vinaigrette sur la salade au dernier moment et remuez délicatement.
Servez avec les canapés au fromage.

Oui, je suis sûr que je me régalerai bien avec ceci.

Mon ventre gargouille. Je ne sais pas quelle heure il est, mais toujours est-il que j'ai faim. Depuis combien de temps suis-je ici ? J'ai tellement envie de sortir, mais il fait froid. J'aimerais bien aller dehors et faire des anges dans la neige, quelques bonhommes et des batailles; ce serait amusant. Mais rien que d'y penser, je frissonne. Il va faire froid.
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Glenn Stewart
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MessageSujet: Re: the sound of silence. — ANDRAS 
the sound of silence. — ANDRAS Icon_minitimeMar 28 Juil - 17:02


« the sound of silence. »



En fait, le livre que tu as dans les mains, il t’énerve. Plus tu avances dedans, moins tu apprécies l’histoire. Tu relativises en te disant que tu ne l’as pas vraiment choisi pour sa qualité, mais tu admets volontiers que pour passer un après-midi triste et terne, comme la plupart de tes journées depuis quelques années en fait, tu aurais préféré quelque chose de plus agréable à lire. Déjà que tu es tout sauf un grand lecteur, si en plus tu pioches de mauvais bouquins, tu n’es pas sorti des ronces. Un nouveau soupir t’échappe. Ce livre t’agace. Tu rêverais d’un laboratoire pour faire de l’indigo synthétique, comparer tout ce que tu trouves avec un microscope et t’amuser avec des réactifs.
Ça, c’est ton truc. Les expériences que tu ne peux pas faire parce que l’école n’est pas capable de finir les laboratoires dont toi et tes collègues ont besoin, et le tout dans les temps. Quoique. Il y en a bien qui se montent des usines à méthamphétamines dans leurs salles de bains, rien ne t’empêche d’utiliser le carrelage de la tienne pour éviter de faire un trou dans le parquet à l’acide chlorhydrique.

Si seulement tu avais de l’acide chlorhydrique. Tu n’en as pas. Tous les produits censés être là pour les laboratoires n’arriveront pas avant que ces derniers ne soient finis, et tu doutes que la supérette du village t’offre autre chose que du bicarbonate de soude. Quoique, l’avantage quand on a, comme toi, un bagage de chimiste sur son CV, c’est qu’on trouve rapidement de quoi s’occuper avec pas grand’chose.
Comme en cuisine, par exemple. Tu te mets à y penser, bêtement, en continuant de tourner les pages de ce livre qui t’agace. Il y a plein d’astuces purement chimiques sur lesquelles la cuisine occidentale s’appuie. Ça, et la cuisine moléculaire, qui joue elle aussi sur tout un tas de réactions pour obtenir différents résultats.

Mais tu n’as aucune envie d’aller faire la cuisine, et de toute façon, de ce côté-là, c’est comme un peu tout dans ta vie actuelle : tu fais le strict nécessaire, juste assez pour rester en vie. En soi, le constat est aberrant, et tu commences tout doucement à le réaliser.
Tu ne dirais pas que tu n’en as rien à cirer, ce n’est pas ça. Si tu n’en avais effectivement rien à cirer, tu n’aurais pas fait en sorte de reconstruire ta vie. Disons plutôt que tu as encore du mal à retrouver une vie normale sous tous aspects et que tu te cherches sans un petit détail qui a accompagné ta vie pendant… un bon moment.

Finalement, tu refermes ton livre d’un coup sec. Les pages claquent les unes sur les autres, et tu abandonnes simplement l’ouvrage sur la table à côté de toi. Il émet le même claquement en tombant sur le panneau de bois de la table d’appoint, et tu te lèves pour aller couper la chaîne Hi-Fi. Tu n’as rien contre Simon & Garfunkel, au contraire, pour toi c’est une multitude de souvenirs.
Tu jettes machinalement un coup d’œil à ton collègue. Il n’a pas l’air dérangé plus que ça par le fait que tu viens de couper la musique. En même temps, tu dirais, vue sa tenue, pourtant Dieu sait que tu n’es pas homme à juger sur l’apparence pour avoir dû vivre avec le regard méprisant des autres sur ta nuque pendant un moment, qu’il n’y a pas grand’chose à le déranger. Si tu étais vraiment médisant, tu ajouterais même qu’il suffit de voir les couleurs qu’il a essayé d’accorder pour se rendre compte que le ridicule ne lui fait pas peur.

Il ne te faisait pas peur non plus, il y a quelques années.
Mais on peut dire que depuis ce temps-là, celui de la fac, tu as grandi, et peut-être même vieilli prématurément. Tu regardes la jaquette du CD que tu as abandonné dans le lecteur de la chaîne du salon. Et qu’est-ce que tu vas faire, maintenant ? Tu n’as quasiment rien fait de ta journée, et de toute façon tu n’as quasiment rien à faire. Pour un peu, tu aurais envie de demander à ton cher collègue bariolé s’il a envie de faire un tour dehors.

Mais tu n’aimes plus sortir.
Alors à la place tu te tournes simplement vers lui et tu le regardes.

« Café ? »

Toi et ton monosyllabe.




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Andras Law
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MessageSujet: Re: the sound of silence. — ANDRAS 
the sound of silence. — ANDRAS Icon_minitimeMar 4 Aoû - 14:50
J'entends mon collègue refermer son livre d'un coup sec. Je n'en ai cure. Et cela en va de même lorsqu'il se lève pour aller couper la musique. C'est trop peu joyeux pour moi de toute façon. Je préfère ce qui respire la joie de vivre, ce qui donne envie de danser, se déchaîner. Quelque chose de vivant. Je continue de lire mes recettes. Je pourrai y passer des heures durant à les lire pour imaginer ce que chaque plat donnerait, et surtout, si j'arriverai à les refaire à l'identique de la photographie présentée. Je ne pense pas que j'y parviendrai convenablement, mais je peux toujours essayer.
Je sens son regard mais je ne m'en préoccupe pas. J'ai l'habitude des curieux qui se demandent si je ne suis pas daltonien ou si je ne suis pas un clown reconverti, ou que sais-je encore ! Je hausse mentalement les épaules; je n'en ai rien à faire. Le ridicule ne tue pas, enfin je crois.
Mon collègue dont je ne connais pas le nom finit par se tourner vers moi.


« Café ? »

Je referme mon livre doucement et tourne ma tête vers lui, un grand sourire joyeux aux lèvres; comme à chaque fois que je souris en fait...Dans ma tête je me demande s'il est toujours ainsi. J'apprécie mieux les personnes qui parlent. J'ai besoin d'entendre les gens, j'ai besoin de les entendre vivre. C'est plus joyeux et cela donne envie de sourire, de rire peut-être. Lui...Lui, il est tout gris, tout monotone; bon ok, plus bleu marine, bleu gris et noir que gris mais qu'importe. C'est triste, c'est mélancolique. Désespérant. Bien sûr je ne dis rien et n'en laisse rien paraître de mon avis. Il a enfin décider de dire quelque chose, je ne vais pas le décourager dans cette tentative d'annoncer qu'il est vivant.

-Pourquoi pas ?

Je me lève en rangeant mon livre dans mon sac. Ou plutôt en essayant de le ranger dans mon sac.
Premier essai, il m'échappe des mains et tombe sur mon pied.
Deuxième essai, il s'ouvre quand j'essaie de le rentrer dans mon sac et m'échappe à nouveau des mains.
Troisième essai, j'essaie de le remettre dans mon sac mais il m'échappe encore et la tranche vient malencontreusement rencontrer mon nez; NE ME DEMANDEZ PAS COMMENT !
Quatrième essai...réussite de l'opération.

C'est avec quelques petites étoiles dansant la java devant mes yeux - un coup dans le nez ne fait jamais du bien - que je tend ma main vers lui en me présentant.


-Andras Law, professeur de philosophie !

Et accessoirement petit nouveau maladroit, enseignant sortant du lot à cause de sa maladresse et son daltonisme apparent; sauf qu'en fait je ne suis pas daltonien. J'aime juste beaucoup les couleurs et j'ai juste la flemme d'accorder le tout ensemble. Tant pis si je ressemble à un clown.
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Glenn Stewart
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MessageSujet: Re: the sound of silence. — ANDRAS 
the sound of silence. — ANDRAS Icon_minitimeMer 5 Aoû - 11:30


« the sound of silence. »



Tu n’as pas vraiment longtemps à attendre avant d’obtenir une réponse de ton collègue. Au moins, il t’a entendu, c’est ce que tu te dis. En général, les gens passent devant toi sans faire vraiment attention, mais il faut dire que tu ne fais pas grand’chose pour être remarqué. Sans te départir de ton air blasé, celui qui ne te quitte plus depuis longtemps, tu le regardes refermer et baisser son livre, avec un grand sourire. Machinalement, le coin droit de ta bouche bouge, l’espace d’un instant, formant ce qui peut ressembler à un rictus involontaire.
Non. Rien à faire. Même sourire, on croirait que tu as oublié comment faire. Quand il te répond « pourquoi pas », tu opines vaguement du chef avant de te diriger vers la cafetière du salon. C’est ça, l’avantage d’être prof dans un endroit perdu comme cette école, le salon des nouveaux bâtiments est confortable, agréable, et il y a même des biscuits dans le placard sous l’évier.
La dernière fois que tu as regardé, il y avait des shortbread, mais ça ne t’a même pas fait ciller. Il n’y a plus grand’chose qui te fasse tiquer, de toute façon.

Du coin de l’œil, tu regardes ton collègue galérer à ranger son livre dans son sac. Tu ne savais pas que quelqu’un pouvait être maladroit à ce point. Pas doué, oui, mais tu as toujours trouvé qu’il y avait des limites, et comme tu as l’habitude de manier des produits corrosifs voire dangereux, tu as l’habitude de ne jamais rien laisser tomber sans le rattraper, tu as tellement pris l’habitude de travailler avec des choses qui demandent de la délicatesse et de l’adresse, que tu n’arrives pas à comprendre les gens qui ont besoin de quatre essais pour ranger un livre dans un sac.
Ce n’est pas de ta faute. Tu es chimiste. Si tu devais t’y reprendre à cinq fois pour remplir un bécher d’eau distillée, tu n’aurais pas fait long feu dans le milieu. Le coin de ta bouche se remet à bouger, machinalement, dans une sorte de petite moue dubitative qui part aussi vite qu’elle est arrivée.
Tu regardes la cafetière faire son boulot. Ça prendra un certain temps, pour que le café finisse dans les deux tasses que tu as récupérées sur l’égouttoir. Du temps.
Ça veut souvent dire une conversation puisqu’il y a quelqu’un avec toi.

Tant pis. Ce coup-ci, tu ne pourras définitivement pas y couper. Le plus machinalement du monde, tu croises les bras en t’adossant au plan de travail derrière-toi. Pour n’importe qui, ces petits gestes anodins traduiraient que tu te fermes complètement à toute tentative de communication, ton langage corporel est celui de quelqu’un qui veut qu’on lui fiche la paix : pas de regards, pas de gestes invitants, juste un loquet que tu te bornes à tourner.
N’importe qui, sauf ton collègue, puisqu’il arrive à ta hauteur et te tend la main avant de se présenter. Un bref instant, tu es tenté de ne pas bouger du tout. Les poignées de main, ça n’a jamais vraiment été ta tasse de thé, mais tu fais un effort.
Tu décroises les bras et tu cales ta main dans la sienne, en essayant de ne pas détourner les yeux comme tu as pris l’habitude de le faire. Dès que la poignée est terminée, tu recroises les bras pour éviter d’avoir à enfoncer tes mains au fond des poches de ton jean.

« Glenn Stewart. J’enseigne la physique-chimie. »

Tu ne t’étales jamais sur ce que tu fais. Le strict minimum, et pas grand’chose d’autre. Mais comme tu n’as pas non plus perdu ce que tes parents ont passé des années à te faire rentrer dans le crâne en matière de bonnes manières, tu jettes un coup d’œil aux tasses avant de regarder ton collègue.

« Noir ou au lait, votre café ? »

Que tu saches si tu dois, aussi, sortir le sucrier en plus de la crème ou juste rester là à attendre que la cafetière ait fini de s’amuser avec le filtre et le café en poudre.




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MessageSujet: Re: the sound of silence. — ANDRAS 
the sound of silence. — ANDRAS Icon_minitimeJeu 27 Aoû - 14:30
De toute évidence, les conversations ne sont pas le fort de mon interlocuteur. Son langage corporel parle pour lui. Sans oublier le fait que sa simple demande pour savoir si je désirais un peu de café s'est soldé par un simple "Café ?" alors qu'une personne moins fermée aurait formulé une phrase complète. Quant à sa poignée de main, c'est comme si cela était un effort considérable. Pas très social le bonhomme.
Et puis ces couleurs encore une fois !
Bah...Qu'importe, il fait comme bon lui semble, ce n'est pas ce genre de choses qui vont me faire changer ma vision colorée de la vie; c'est si court et c'est si fragile...Je n'ai pas le temps pour me montrer triste. Je n'aurai plus jamais le temps. Je ne veux que de la joie et de la bonne humeur, des sourires et des couleurs.


« Glenn Stewart. J’enseigne la physique-chimie. »

Oh...déjà je comprends un peu mieux.
Il me rappelle mon père, ils ont le même caractère. Bien qu'en revanche, je n'ai absolument rien contre monsieur Stewart. Mon père...eh bien c'est autre chose.

Je souris à mon collègue, heureux, car je peux enfin mettre un nom sur son visage.


« Noir ou au lait, votre café ? »

Je continue de sourire. C'est bien une chose qui me caractérise et que l'on ne pourra jamais m'enlever; mon sourire.

-Beaucoup de sucres...

Aria disait toujours en riant qu'il fallait me servir mon café dans le sucrier tellement je mettais un nombre incalculable de morceaux de sucres dans ma tasse, juste une simple tasse de café ! Et beaucoup trop de sucres.
Je baisse la tête, en proie à de douloureux souvenirs. J'ai dit que je ne devais surtout pas y repenser. Ma jolie Aria...

Je lève ma tête vers monsieur Stewart, mon sourire revient.


-Cela fait combien de temps que vous êtes dans cet établissement ? Je suis nouveau, je ne connais pas tout le monde.

Logique en soi.
Merci Professeur Obvious ! Evidemment que tu ne peux pas connaître tout le monde ici si tu es nouveau ! Tu ne sais même pas mettre de nom sur le visage du personnel que tu croises !
Je suis un peu stupide par moments. Et bizarre à me faire des dialogues internes. Bast...j'imagine que cela peut arriver à tous...Je crois...

Je recule un peu pour me rasseoir dans le fauteuil que j'occupais quelques instants plus tôt. Ou plutôt je fais un essai. Un seul et unique essai où, n'ayant pas bien visé, je me retrouve les quatre fers en l'air. J'ai mal au crâne. Ma tête a rencontré le sol, pas trop violemment, fort heureusement. Mais j'ai mal.
Ok, je note, ne jamais plus refaire ce genre de choses. C'est douloureux.
Et...Je vais finir à l'hôpital si cela continue !

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MessageSujet: Re: the sound of silence. — ANDRAS 
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