Première semaine, deuxième heure du mardi, soit neuf heures moins dix ou plutôt huit heures et cinquante minutes. Ma matinée est entièrement libre. C'est reposant de ne pas aller en cours. J'aime beaucoup les cours, mais...je dois avouer qu'à chaque fois que j'y vais, je me prends immanquablement quelque chose dans la figure à cause de ma maladresse. C'est assez handicapant, surtout que je dois être à plusieurs hématomes et autres bleus qui marquent ma peau. On doit croire que je me suis battu mais ce n'est pas vrai. Enfin si, mais pas avec une personne. Murs, chaises, bureaux, même le pommeau de douche ! Déjà ce matin en me levant, porte de ma chambre VS moi...la porte gagne par K.O. de son adversaire. Ou comment être sonné dès le réveil.
Mardi matin. Un jean normal, mes Converses violettes - je ne les ai pas paumées cette fois-ci ! - et une chemise rouge; par-dessus, une petite veste orange. Et mon éternel sac en bandoulière rose fluo. J'ai même des barrettes fluos dans mes cheveux pour rattacher les mèches rebelles dissidentes et éviter qu'elles ne viennent me chatouiller le visage.
Je sifflote gaiement en allant profiter de l'air frais dans le parc. La matinée s'annonce belle, pas de pluie apparemment. Je peux en profiter car l'après-midi je ne le pourrai pas. Du moins pas vraiment. Réviser son speech de rentrée pour les deux nouvelles classes que je vais rencontrer cet après-midi, voilà qui est sympathique. Le cadre est bucoliquement agréable - quoi, "bucoliquement" n'existe pas ?!
J'aime beaucoup les élèves. Ils ont chacun leurs envies pour leur avenir, leurs rêves plein d'espoir, leur caractère...Ils sont si différents. Je suis très heureux d'être dans cet établissement. Je m'y plais déjà. Oh, je ne me fais pas trop d'illusions, je suis sûr qu'un jour je pourrai bien péter un câble au beau milieu de la classe ou ce genre de choses parce qu'un élève sera allé trop loin. Mais en attendant, je souris à la vie, car elle vient de me donner une seconde chance. La chance de tout recommencer.
Je suis de bonne humeur, mais je pense que c'est grâce à la petite Jade. Je reçois souvent des nouvelles de cette jeune fille très aimable que j'ai rencontré sous le auvent d'une librairie. J'aurais aimé avoir une fille comme elle. Elle est remarquable et pertinente. Très intelligente et ouverte d'esprit.
"Cher Monsieur Law..." "J'espère que vous allez bien..."
Adorable petite, j'espère que tu t'en sortiras cette année encore.
"Mes parents en sont toujours au même point, je crois que la situation n'est pas très stable pour moi en ce moment, mais je garde confiance. Cela ne peut pas être pire, n'est-ce pas ?"
Je te souhaite bien du courage, douce jeune fille.
"Est-ce que je vous ai déjà parlé de mon professeur de philosophie ?"
Oui, tu en as un bien pire que le mien lorsque je fus jeune et de ton âge, ma chère.
"J'espère que nous nous reverrons, j'attends de vos nouvelles avec impatience !"
Je t'en enverrai d'ici peu, petite Jade. Moi aussi j'espère que nous nous reverrons bientôt. Ton joli sourire me manque au même titre que ton regard plein d'intelligence et de vivacité. Et dans mes souvenirs je sens encore l'odeur de fruits rouges de tes cheveux, comme lorsque tu t'étais jetée dans mes bras, en pleurs, le jour où tu avais appris cette funeste nouvelle. Ce parc me paraît bien vide soudainement, en repensant à toi. Je me pose sous un arbre, prêt à m'entraîner pour mon speech de cet après-midi; ou peut-être commencerai-je par t'écrire une lettre, ma chère et adorable petite Jade...
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Jeu 22 Jan - 23:05